D'aghribs à Strasbourg en passant par Ghardaïa et Biskra, Jacques Fournier retracera le parcours de l'intellectuel Mohand Tazerout au cours d'une conférence qu'il animera mardi prochain à 18h au Diocésain des Glycines à Alger. Jacques Fournier est écrivain et a été le gendre de Mohand Tazerout (1893-1973). De ce lien de parenté, Jacques Fournier débutera son intervention. Le conférencier retracera l'itinéraire emprunté par Mohand Tazerout qu'il a commencé à côtoyer dès le début des années 1940 et ce jusqu'à son décès en 1973. De cette rencontre et de ces échanges, Jacques Fournier proposera au public l'histoire d'un intellectuel algérien qui, selon lui, reste à ce jour méconnu ou encore controversé. L'écrivain évoquera par ailleurs l'enfance et la première formation de Mohand Tazerout, avec la légende d'un voyage autour du monde qui n'a pas eu lieu et l'engagement dans la guerre de 14-18. Il soulignera également l'intégration durable de celui-ci dans la société française par son mariage avec une institutrice vendéenne et l'exercice de son métier de professeur d'allemand. Comme il passera en revue l'œuvre considérable du germaniste, de l'encyclopédiste, de l'intellectuel qui, vers la fin de sa vie, s'est engagé dans le conflit algérien. Il retracera également l'évolution de la vision des rapports de l'Algérie avec la France qui se reflète dans les écrits de l'intellectuel durant la dernière période. Jacques Fournier reviendra aussi sur le retour vers le Maghreb et la retraite de Mohand Tazerout qu'il a souhaitée à Tanger au Maroc. Jacques Fournier conclura son intervention par la redécouverte de l'œuvre du germaniste dans l'Algérie contemporaine. Le germaniste, pour rappel, a suivi des études à l'Ecole normale de Bouzareah à Alger. Son premier poste, Mohand Tazerout l'exercera en tant qu'instituteur à l'école de Theniet El Had. Philosophe, écrivain, traducteur et civilisationniste En 1912, un confit l'opposant à son directeur le poussera à quitter l'Algérie pour le Caire où il poursuivra une formation à l'université Al-Azhar. Un an plus tard, il part apprendre le perse en Iran puis le russe en Russie et le mandarin en chine en 1914. De là, il se rendra en Europe où il visitera plusieurs pays avant d'être mobilisé en 1917 en Belgique pendant la Première Guerre mondiale. Rapatrié en France, il s'inscrit dans un cursus universitaire d'abord à Poitiers et ensuite à Strasbourg en vue de l'obtention d'une licence en allemand. En 1953, il rentre en Algérie. Mohand Tazerout a écrit de nombreux essais. Il a traduit plusieurs œuvres de philosophes allemands dont Le déclin de l'Occident : Esquisse d'une morphologie de l'histoire universelle d'Oswald Spengler en 1933 et l'Histoire des peuples et des Etats islamiques depuis les origines jusqu'à nos jours de Carl Brockelmann en 1949. Quant à son gendre, Jacques Fournier, son itinéraire en Algérie a commencé dès sa jeunesse où il a suivi plus tard des études universitaires. Issu de l'école nationale d'administration (ENA), il a été nommé successivement conseiller d'Etat honoraire puis de 1961 à 1964 conseiller juridique de l'ambassade de France au Maroc. Entre 1981 et 1994, il occupera la fonction de secrétaire général adjoint de la présidence de la République française, puis secrétaire général du gouvernement et enfin président de deux grandes entreprises publiques, le GDF (Gaz de France et la SNCF (Société nationale des chemins de fer). Il a exercé par la suite de nombreuses activités de coopération en Europe de l'Est et en Palestine. Jacques Fournier est l'auteur de plusieurs livres dont : Itinéraire d'un fonctionnaire engagé aux éditions Dalloz (2008). L'Economie des besoins chez Odile Jacob en 2013. L'Algérie retrouvée 1929-2014 édité par Média Plus (2015).