L'intervention militaire étrangère en Libye a empêché les Libyens d'aller vers une transition pacifique, a déclaré le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Ramtane Lamamra, dans une interview accordée hier au journal britannique The Independent, avant la tenue à Alger de la 7e réunion ministérielle des pays voisins de la Libye. «L'intervention étrangère a empêché les Libyens d'aller par eux-mêmes vers une solution que l'Union africaine (UA) proposait à l'époque (en 2011), et qui était une transition pacifique», a souligné Lamamra. «De nombreux groupes armés ont profité du chaos depuis l'intervention militaire (de l'Otan)» en Libye, un pays en proie à une crise politique, sécuritaire et institutionnelle, a soutenu Lamamra. «L'intervention militaire au Moyen-Orient risque de déstabiliser des pays et provoquer une montée du terrorisme», a-t-il mis en garde, ajoutant qu'«une intervention militaire étrangère peut devenir une partie du problème et non une partie de la solution». Celle-ci (l'intervention militaire), a affirmé le ministre, «augmente la probabilité d'activité terroriste et de déstabilisation dans les pays qui sont opposés à une telle démarche». Les tentatives du ministre pour trouver une solution pacifique à travers le dialogue en Libye en 2011, alors commissaire de l'UA pour la paix et la sécurité, avaient été, a rappelé le journal, «ignorées par les forces de l'Otan qui aidaient les rebelles à renverser Maâmmar Kadhafi par la force militaire». Le journal est revenu, par ailleurs, sur les efforts consentis par l'Algérie pour assécher les sources de financement du terrorisme dans la région du Sahel. «La sécurité du voisinage fait partie de notre propre sécurité», a déclaré Lamamra. «Chaque fois que vous contribuez à résoudre ce genre de problèmes dans le territoire de votre voisin, vous vous protégez et vous améliorez votre propre sécurité nationale», a-t-il également dit. L'Algérie, a fait valoir le journal, est devenue «un allié incontournable de l'Occident et des Etats-Unis dans le Sahel». Entre-temps, alors que la crise en Libye a atteint un degré grave l'été dernier, l'Algérie a travaillé dans les coulisses pour enclencher des pourparlers entre les nombreux groupes rivaux, a souligné The Independent. Dans ce contexte, Lamamra a indiqué que «l'Algérie est convaincue que la discrétion est toujours la clé de la réussite de la médiation».