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Entrée en compétition de Lettres de cerise : Sulef Fawakherdji décrédibilise le FAFM
Publié dans Le Temps d'Algérie le 09 - 12 - 2015

Traitement de faveur, injustice caractérisée, manque de tact, mépris généralisé… l'expression est insignifiante pour décrire le comportement des organisateurs du festival d'Annaba du film méditerranéen (FAFM) avant et après la projection du film Lettres de cerise de Sulef Fawakherdji.
Mardi soir, les autorités de la ville d'Annaba s'emballent une fois de plus. Un gros service de sécurité est déployé autour et à l'intérieur du théâtre Azzedine-Medjoubi.
On s'attendait à voir le premier ministre, c'est la réalisatrice syrienne Sulef Fawakherdji qui débarque sirènes tonnantes, effrayant tous les habitants de celle que l'on surnomme la coquette. Panique générale à l'intérieur du théâtre, hôtesses habillées en traditionnel, bijoux éclatant et maquillage débordant, tout le monde est au garde à vous de celle qui, nous dit-on, a fait le film de l'année.
Sulef Fawakherdji est accueillie en grandes pompes, le wali de Annaba, le chef de région, le chef de la police s'affolent à la vue de la jeune réalisatrice qui a choisi de porter les couleurs de son film en l'occurrence, le rouge ! Flashs crépitant, caméras s'entrechoquant, la dame parvient même à éjecter les membres du jury et leur présidente de l'autre côté de l'espace qui leur est habituellement réservé. Sur la scène du théâtre, l'animateur, Abdelhak Boumaraf, chauffe la salle et invite la comédienne devenue réalisatrice à le rejoindre. Il ose un «On se lève tous pour Sulef», et même le jury se croit obligé de le faire.
Quel crédit leur accorder dans ces circonstances ? Où est la partialité du commissaire de cet événement censé redonner de l'envergure au cinéma algérien ? Pourquoi les autres réalisateurs, les autres films n'ont pas bénéficié de la même fanfare ahurissante ? Autant d'interrogations pour un film au final qui n'a ni sens ni bon sens. Lettres de cerise est une espèce de romance à la Roméo et Juliette où la propagande politique en faveur de Bachar El Assad, président de la Syrie, déborde.
On accordera quelques points à la réalisatrice syrienne, pour le choix de la musique produite par Haïk Yazjian et la photo du film. Pour le reste, le cinéma s'est fait par l'ambigüité du comportement des organisateurs du festival qui ont poussé le bouchon jusqu'à organiser une collation post projection où l'accès était surveillé plus que dans une prison. Un gâteau dédié au festival et au drapeau syrien a même été commandé dans l'urgence.
Ce qui n'a jamais été fait pour le peu de cinéastes invités durant le festival d'Annaba du film méditerranéen. Il est évident que la compétition engagée depuis le début du festival est remise en cause autant que la crédibilité du palmarès.


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