Le conflit syrien continue de «mobiliser». Alors que les différentes parties de l'opposition syrienne se sont réunies hier à Ryad, en Arabie saoudite, Moscou et Washington vont se concerter pour tenter de trouver une solution à la guerre. Le secrétaire d'Etat américain John Kerry a annoncé hier qu'il se rendrait à Moscou la semaine prochaine pour tenter, avec les dirigeants russes, de progresser vers une solution à la guerre en Syrie. Washington et Moscou ont travaillé de concert pour réunir un groupe de puissances mondiales et régionales dans la recherche d'un cessez-le-feu et d'une transition politique en Syrie. Mais des difficultés se font jour au moment où les Etats-Unis ont prévu d'accueillir la prochaine réunion du «groupe international de soutien à la Syrie» le 18 décembre à New York. La Russie a jugé mardi «prématuré» d'annoncer sa participation à cette réunion, au moment où l'Arabie saoudite réunit des factions de l'opposition syrienne. Moscou, allié de longue date du régime de Damas, considère certains de ces groupes comme des «terroristes». Interrogé sur le rôle qu'il attend du président Vladimir Poutine, M. Kerry a déclaré à la presse : «Je vais aller à Moscou dans une semaine et je vais le rencontrer, de même que le ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov, sur les questions de la Syrie et de l'Ukraine». «La Russie a eu un comportement constructif en aidant à la mise en place du processus de Vienne (les discussions internationales antérieures sur la Syrie), à son succès, et je pense qu'ils (les Russes, ndlr) souhaitent un règlement politique là-bas, je le crois», a-t-il ajouté devant la presse, en marge de la Conférence internationale sur le climat COP21, près de Paris. «Ont-ils des intérêts là-bas qui sont différents des nôtres ? Oui, c'est le cas. Est-ce qu'ils protègent ces intérêts ? Bien sûr que c'est le cas», a-t-il ajouté. M. Kerry a déclaré que la Russie n'a pas caché qu'elle soutient politiquement et militairement Bachar Al Assad, mais il estime qu'il y a assez de points communs pour aller de l'avant dans un processus de paix. Daech et le Front Al Nosra exclus La réunion de Ryad s'inscrit dans le cadre du processus international de sortie de crise relancé fin octobre à Vienne par dix-sept pays et trois organisations internationales. Présidée par Abdulaziz Sager, un Saoudien qui dirige le Gulf Research Centre, à Genève, la réunion se tiendra à huis clos jusqu'à aujourd'hui et exclut plusieurs groupes, notamment les Kurdes. Soixante-cinq représentants politiques et militaires de l'opposition syrienne intérieure et extérieure sont présents. Environ vingt membres de la Coalition nationale syrienne, la principale composante politique de l'opposition, exilée à Istanbul, participeront aux discussions. Les groupes considérés comme «terroristes», tels l'organisation Etat islamique (EI) et le Front Al Nosra, la branche syrienne d'Al Qaïda, en ont été exclus. Mais les islamistes d'Ahrar Al Cham, alliés à Al Nosra, et dont l'invitation a entraîné le retrait d'autres groupes, sont présents. Les chefs des grandes diplomaties mondiales, dont les Etats-Unis, la Russie, l'Arabie saoudite, l'Iran et les puissances européennes, ont fixé un calendrier qui prévoit une rencontre à compter du 1er janvier entre représentants de l'opposition syrienne et du régime de Damas, avant un cessez-le-feu, la formation d'un gouvernement de transition dans les six mois et l'organisation d'élections d'ici à dix-huit mois.