Le déficit est énorme : en l'absence d'une flotte marchande puissante, le secteur maritime algérien perd annuellement environ 4 milliards de dollars ! C'est le chiffre donné hier par le ministre des Transports qui a affirmé que ce secteur ne dispose plus que de 6 navires contre 78 que comprenait le pavillon géré par la Cnan jusque vers la fin des années 1980. «Ce qui nous reste comme flotte ne permet de transporter que 2% de nos marchandises, le reste du fret étant acheminé par des bateaux étrangers», a-t-il précisé sur les ondes de la Chaîne III. Face cette situation, le Conseil des participations de l'Etat (CPE) a décidé de renforcer la flotte par de nouvelles acquisitions. Ce qui permet aux entreprises de gagner plus de parts de marché et espérer transporter les marchandises par leurs propres moyens. Pourquoi la question d'une flotte marchande puissante n'est-elle pas considérée comme une nécessité de développement du pays ? Pour le gouvernement, aux dires du ministre des Transports, la nouvelle organisation du secteur public marchand qui concerne aussi le transport maritime en général apportera l'efficacité nécessaire pour que ce secteur générateur de croissance soit géré de manière moderne. Reprendre une place de leader par la mise en place d'un hub maritime est possible compte tenu de la position géographique du pays, selon Talai. Ce dernier a annoncé, dans le même registre, l'acquisition prochaine de 26 navires grâce auxquels «on peut espérer pouvoir augmenter à 30% le transport de fret algérien». L'autre type de transport et non des moindres, à savoir le ferroviaire, a été également évoqué durant ce passage. Sur ce chapitre, le ministre s'est contenté de dire que le tarissement des recettes budgétaires, conséquence directe de la baisse des prix de l'or noir, pourrait remettre en cause des projets et différer la réalisation de certains autres. A propos de la situation de la Société nationale des transports ferroviaires (SNTF), Boudjema Talai a reconnu l'existence de «sérieux déficits». Il s'agit de celui causé par le phénomène de la fraude massive des voyageurs mais aussi celui de la faible demande exprimée pour le transport des marchandises par le rail. «Les recettes de la SNTF via le transport voyageurs sont faibles», a reconnu le ministre qui insiste, toutefois, sur la volonté des pouvoirs publics de faire du rail l'un des segments les plus performants dans le secteur des transports. «On ne peut se développer qu'à partir du rail. Regardez les USA et la Chine. Les techniques aujourd'hui permettent la réalisation du rail dans n'importe quelle localité», a-t-il plaidé. Et d'ajouter que la «priorité» du gouvernement est l'achèvement des 2300 km de rail en cours de réalisation. En effet, a expliqué Talai, l'extension du réseau ferroviaire est toujours en cours et «d'ici trois années, 2300 km de lignes vont venir s'ajouter aux 4500 actuels». Toujours à propos de la SNTF, la même source a balayé d'un revers de la main l'existence de la volonté de compression d'effectifs. «Au contraire, des recrutements vont se faire en raison de l'extension du réseau.» Enfin, l'invité de la rédaction a estimé que les choses sont en train d'être «recadrées» au niveau d'Air Algérie qui, dans le passé, «a perdu ses couleurs». Le redéploiement de la formation, une remise à niveau des services et le respect des normes de ponctualité, avec notamment l'acquisition de nouveaux aéronefs donnera, selon Talai, un nouveau souffle à cette compagnie.