Alger et Téhéran veulent saisir l'opportunité de l'imminente levée de l'embargo sur l'Iran pour intensifier leurs relations économiques. C'est ce qu'ont préconisé conjointement le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, et le Premier vice-président iranien Eshaq Jahangiri, lors de l'ouverture des travaux du premier forum des hommes d'affaires algériens et iraniens, jeudi à Alger. Cette rencontre a été organisée dans le cadre de la tenue de la 2e session de la Haute Commission mixte. «La coopération économique doit se hisser au même niveau des excellentes relations politiques bilatérales», a suggéré Sellal. Comme les deux pays sont fortement frappés par la baisse des prix du pétrole, une vision commune a été dégagée lors du forum, pour contrer cette chute des prix du brut. Eshaq Jahangiri a recommandé, dans ce contexte, d'intensifier la coopération entre les pays producteurs pour «stabiliser les prix du brut dans le marché mondial et faire face au complot qui se trame contre les pays producteurs et auquel participent certains pays musulmans». Les hommes d'affaires algériens et iraniens sont appelés à intensifier leur coopération dans plusieurs secteurs comme les mines, l'habitat, l'engineering, l'agriculture, la pétrochimie, le matériel médical et le médicament. «Les Iraniens ont l'opportunité d'accéder à de grands marchés dans la région via l'Algérie», a-t-il fait remarquer. Le ministre de l'Industrie et des Mines, Abdessalem Bouchouareb, a considéré que les gouvernements des deux pays doivent mettre en place une plateforme à même de créer un environnement favorable pour la naissance d'entreprises mixtes. Le comité mixte algéro-iranien de l'industrie devra être relancé d'ici juin 2016 pour instaurer un mécanisme régulier de coopération industrielle, a-t-il annoncé. Le ministre a appelé les hommes d'affaires iraniens à saisir les opportunités d'investissements offertes par l'Algérie dans le cadre d'un partenariat mutuellement bénéfique. Bientôt une liaison aérienne De son côté, Eshaq Jahangiri a mis en avant l'opportunité offerte par le forum qui constitue un nouveau départ pour les relations économiques qui n'ont pas atteint le niveau de la coopération bilatérale dans le domaine politique. L'Algérie et l'Iran ont convenu de «la création d'une haute commission mixte en vue de renforcer la coopération et le partenariat économique entre les deux pays». Ce mécanisme permettra, selon lui, de suivre la mise en œuvre des accords de coopération au nombre de 50. Les entreprises iraniennes sont prêtes à «contribuer à la réalisation des projets lancés par l'Algérie notamment dans les domaines de l'industrie automobile, les routes, l'agriculture, l'industrie et les mines et la pétrochimie», a soutenu le Premier vice-président iranien. Jahangiri a appelé, dans ce sens, les opérateurs algériens à conquérir le marché iranien qui «offre de véritables opportunités d'investissement aux étrangers vu les nombreux avantages qu'il propose». Pour le président de la Chambre algérienne de commerce et d'industrie (Caci), Laïd Benamor, l'Iran a su faire face aux sanctions qui lui ont été infligées pendant dix ans, d'où l'intérêt pour l'Algérie de tirer profit de cette expérience. Lors du forum, des rencontres B2B ont été tenues entre les opérateurs économiques des pays en vue de créer des partenariats. Ces derniers nécessitent au moins l'ouverture d'une ligne aérienne et la mise en œuvre des procédures bancaires adéquates. L'Algérie et l'Iran sont, en effet, en discussion pour la création d'une ligne aérienne, Alger-Téhéran, et une autre maritime ainsi que le jumelage du port de Béjaïa avec le port Imam Khomeiny. Dans le domaine commercial, Benamor a jugé nécessaire de «fluidifier les échanges commerciaux» via les canaux bancaires.