La nouvelle publication La traversée du somnambule d'Arezki Metref parue aux éditions Koukou est empreinte de sagacité et d'originalité. Ces multiples chroniques sont une rétrospective d'événements, de rencontres et de sagas de l'auteur. L'écrivain convoque ses pensées et investit les limbes de sa mémoire pour raconter ses réminiscences. Dans ce long récit étayé d'anecdotes, il revoit le passé avec nostalgie avec une pointe d'attachement. Il puise au plus profond des tréfonds de sa mémoire pour en extraire ce qui l'a le plus touché. Ces personnages fictifs ou réels, personnalités littéraires ou simples citoyens lambda drapés de leurs défauts ou vertus semblent tout droit sortis d'un film ou d'un conte. A travers ses innombrables histoires, l'auteur relate avec moult détails ses tribulations avec des personnes ou écrivains. Il slalome de pays en pays avec ses personnages colorés et truculents. Ses rencontres réelles ou fictives notamment avec Naguib Mahfouz, Milan Kundera, Jacques Derrida ou Sandra ou sur les traces de Mozart l'interpellent sur un passé qu'il a engrangé et qui lui fait du bien de l'évoquer. Tout au long de ses vingt-six chroniques, dont La havane ou le café brûlé, Requiem pour Sandra et La coiffeuse d'Assia Djebbar, il évoque avec brio une période riche et pathétique de sa vie. Nostalgie De ses innombrables rencontres, il a gardé une image, un visage, une voix, une musique, un fait qu'il narre avec empathie et affection. L'auteur semble nostalgique et même passéiste d'une époque enchantée tant elle lui rappelle de bons souvenirs. Dans cet étalage d'histoires, c'est l'Algérie qu'il dépeint dans ses moments forts et dans ses zones d'ombre. La publication de cet ouvrage s'explique par les propos de l'auteur en quatrième de couverture «Qu' y a-t-il de vrai là-dedans ? Rien. Tout. L'un et l'autre confondus dans la grande illusion de la transfiguration. Les mots ont un revers… Ces balades dans le mentir-vrai dressent aussi le portrait d'une génération, celle de ces algériens qui au pire moment d'enfermement dans l'Algérie des casernes et des mosquées, franchissaient les frontières physiques et mentales pour aller à la rencontre d'un livre ou d'un écrivain…. J'avoue aussi avoir une dette envers Borges qui m'a fait découvrir la douleur mêlée à l'infini plaisir que l'on éprouve à édifier des histoires courtes avec des personnages puisés dans l'imaginaire.» D'une écriture fluide empreinte de références et de connaissances, Arezki Metref investit les méandres de la littérature lui qui n'est plus depuis longtemps le néophyte des belles lettres à travers ses intéressantes chroniques. Empruntant au style journalistique et littéraire, il relate avec beaucoup de faconde donnant ainsi plus de punch à ses sagas. Cette Traversée du somnambule est une belle échappée à travers des territoires, des contrées et dans les contours de certaines personnalités. C'est un livre à lire avec plaisir et avec la magie qui s'en dégage.