La première responsable du secteur de l'éducation nationale établit un constat peu reluisant du système éducatif. Nouria Benghebrit, qui n'a cessé de subir les critiques de ses détracteurs sur la fameuse histoire de l'enseignement en derdja, met le doigt sur les réels problèmes de son secteur. Elle a dévoilé, hier sur les ondes de la Chaîne III, un bilan accablant d'un système façonné par plusieurs décennies de réformes. Sur 1000 élèves inscrits en première année primaire, seuls 41 finissent par réussir à décrocher l'examen du baccalauréat. L'enquête menée par la direction de l'évaluation et des prospectives du ministère de l'Education en 2013 révèle, en effet, selon Nouria Benghebrit, que sur cet échantillon, 657 élèves arrivent en classe de 5e année primaire, 550 à la 1re année collège et 150 réussissent à atteindre la première année de lycée. En somme, 4% de ces élèves seulement réussissent à décrocher le bac. Une situation qui pose, selon la ministre, le problème de l'efficacité, de l'efficience et de l'importance du financement que l'Etat met dans ce secteur. C'est pour cette raison, a déclaré la ministre de l'Education nationale, qu'il est temps de «s'interroger sur ce que le système produit face à tout ce qui a été financé par le gouvernement». Pour elle, ce constat «qui nous fait perdre 959 élèves en cours de route», illustre l'«échec d'un système scolaire» qui aura perduré des années durant, «et non celui de l'élève». L'école algérienne a, selon les propos de la ministre, échoué dans sa mission d'éducation citoyenne. Une révélation qui vient appuyer celle faite, récemment, par son conseiller, Chaïb Draâ Ettani. Ce dernier avait déclaré sur la Radio nationale que l'école n'est, aujourd'hui, plus «un lieu de savoir». Pour la ministre de l'Education, un élève a «non seulement le droit d'être scolarisé», mais il a également «le droit de réussir» et ce, particulièrement durant son cycle obligatoire. Elle souligne, de ce fait, que l'objectif fixé par son département est de savoir comment organiser cette réussite. «Les enfants se différencient entre eux par rapport à leur capacité d'apprendre et d'assimiler les leçons. Donc, nous travaillons pour trouver comment prendre en charge ces diversités pour assurer leur réussite», avance-t-elle comme objectif. La ministre évalue, ensuite, le taux des élèves qui redoublent à 30%. Cette situation induit, ajoute Benghebrit, un «coût psychologique pour l'enfant». Pour y remédier, elle signale que son ministère a axé, là aussi, son action sur la réorganisation du système d'évaluation et de suivi des enfants scolarisés. Elle explique que cette révision se fera grâce à la formation des inspecteurs et celle des enseignants. Autrement dit, les élèves seront évalués, à partir de septembre prochain, sur la base des lacunes constatées dans chacune des matières. La ministre impute, au passage, cette grave déficience, «qui nous met en décalage par rapport à ce qui se fait dans d'autres pays», à des problèmes inhérents au «pilotage» des établissements d'enseignement. Elle assure, à ce propos, que ces derniers feront désormais l'objet d'un travail régulier d'évaluation et de mise à niveau.