Les éditions Média-Plus de Constantine viennent d'éditer trois ouvrages signés par trois des plus grandes plumes à l'instar d'Ahlem Mosteghanemi, Bruno Jaffré et Claire Rodier. L'écrivaine algérienne de renom nous livre un grand classique dans une peau neuve par une excellente traduction. L'auteure nous offre ainsi un maître livre, un passionnant et poignant moment de lecture, les Mémoires de la chair, qui évoque «la mémoire blessée, inguérissable», d'un héros de la guerre de Libération, mutilé devenu un grand peintre. Mémoire d'un amour sacrilège, impossible, inaccompli, inassouvi, qu'il faudra tuer enfin pour survivre. Mémoire d'une femme -romancière de surcroît- capricieuse, insaisissable, contradictoire. Femme ou cité ? Car à son image se superpose, comme en surimpression, celle de la citadelle mystérieuse, Cirta, la ville des Ponts, inaccessible, aux violents contrastes ; image qui est en même temps celle du pays, d'une Algérie à la fois héroïque et déçue. Pour le deuxième ouvrage, un recueil de textes introduit par Bruno Jaffré, du Président Thomas Sankara qui présente quelques-uns de ses discours les plus importants, notamment sur la dette, la libération des femmes, les tribunaux populaires de la révolution, la protection de l'environnement, l'émancipation du peuple burkinabè et le développement autocentré. Quant au dernier ouvrage, c'est celui de Claire Rodier, juriste au Groupe d'information et de soutien des immigrés (GISTI), et co-fondatrice du réseau euro-africain Migreurop. Elle travaille plus particulièrement sur les politiques européennes d'immigration et d'asile. Le livre est intitulé Xénophobie Business. À quoi servent les contrôles migratoires ? L'auteur traite de la surveillance des frontières qui s'est muée ces dernières années en un business hautement profitable. « Les sociétés privées de sécurité autant que celles de l'industrie de l'armement en savent quelque chose : depuis le milieu des années 1990, elles ont trouvé dans ce nouveau ‘créneau' des opportunités inespérées. La plus grosse entreprise de sécurité, G4S (dont une partie de l'activité est consacrée à la ‘gestion' de l'immigration), emploie aujourd'hui près de 650 000 salariés, ce qui en fait le deuxième plus grand employeur privé du monde».