Les trois centres d'enfouissement technique (CET) actuellement en service dans la wilaya de Tizi Ouzou ne couvrent que 45% du territoire en matière de déchets ménagers. Selon les chiffres fournis par la direction de l'environnement de la wilaya, le reste des déchets, soit 55%, se déverse dans les milliers de décharges et dépotoirs sauvages répartis à travers les communes de la wilaya. C'est dire que la collecte, le transport et le traitement des centaines de milliers de tonnes d'ordures générées quotidiennement par les 67 communes de la wilaya demeurent problématiques. Face au déficit criard en matière de CET et de décharges contrôlées, certaines communes, notamment celles du Nord et de l'Est de la wilaya, sont obligées de solliciter le CET de Oued Falli, implanté dans la banlieue de Tizi Ouzou pour se débarrasser de leurs déchets. Ce sont, en effet, pas moins de 15 APC qui sollicitent quotidiennement le CET de Oued Falli, conçu initialement pour recevoir les ordures des communes du centre de la wilaya. Mais face à l'urgence, les responsables de ce centre se rerouvent obligés de prendre autant de déchets quotidiennement, afin de ne pas voir les services de la voirie des communes concernées déverser des milliers de tonnes d'ordure dans la nature. Les services de l'environnement ont recensé pas moins de 1255 décharges sauvages sans compter les dizaines de milliers de dépotoirs aux quatre coins de la wilaya. Un problème qui devra être résolu avec la mise en service prochaine des autres CET en cours de réalisation dans la wilaya, selon Mme Djamila Bourahla, chef de service de la sensibilisation, information et éducation environnementale à la Direction de l'environnement de la wilaya. «Jusque -là les trois CET en activité au niveau de Oued Falli, Ouacifs et Draâ El Mizan assurent une couverture de 45% du territoire de la wilaya en matière de déchets ménagers, mais avec la mise en service prochaine de celui de Boghni, le taux de couverture atteindra les 60%», affirme notre interlocutrice, ajoutant qu'avec la mise en service des CET de Fréha, Idjer et Larbaâ Nath Irathen, la wilaya atteindra enfin un taux de 100 % de couverture.
Les projets de Mizrana et d'Azazga gelés Toutefois, avec le sempiternel problème des oppositions rien ne garantit que les futurs CET verront le jour, notamment celui de Fréha. Inscrit en 2006 au niveau de la commune d'Aghribs, le projet en question n'est pas encore lancé en raison de la forte opposition d'une partie des citoyens. Lors de sa dernière visite dans la région, le wali a instruit les responsables du projet de lancer les travaux dans les plus brefs délais, allant jusqu'à menacer de recourir à la force publique dans le cas où les opposants reviennent à la charge. Difficle d'affirmer donc que ce CET sera réalisé surtout qu'on se rappelle que des cas similaires ont eu lieu dans la wilaya, avec le CET de Mizrana dans la daïra de Tigzirt, celui de Boubhir à Azazga, et le CET d'Iloula Oumalou, dont les travaux sont à l'arrêt depuis plusieurs années en raison de l'opposition des riverains. Selon les responsables de la direction de l'environnement, si le CET de Fréha est relancé ce n'est pas le cas de Mizrana et Boubhir, tous les deux concernés par la décision de gel des projets non encore lancés par le gouvernement. Un coup dur pour les citoyens des localités concernées qui auront encore à subir les conséquences des décharges sauvages. Afin de faire face à la prolifération des dépotoirs sauvages qui ne cessent de pousser comme des champignons, les services de l'environnement ont également opté pour la réalisation de décharges contrôlées dont trois sont déjà en service dans les localités de Beni Douala, Beni Zmenzer et Agouni Gueghran, alors que deux autres sont en cours de réalisation à Tadmait et Iferhounène. Pour ce qui est de la décharge contrôlée des Ouadhias, le projet a été gelé en raison d'un problème technique. «Il faudra d'abord construire un ovoïde avant de lancer le chantier de la nouvelle décharge contrôlée à Ouadhias. Et comme les travaux n'ont pas encore commencé, le projet est automatiquement touché par la décision de gel», explique Mme Bourahla Djamila qui nous a indiqué que le projet de la réalisation d'un incinérateur à Oued Falli est également concerné par le gel. Agressions multiformes L'insalubrité a atteint un point de non retour au niveau de la wilaya de Tizi ouzou. Aucun espace n'est épargné par ce mal qui agresse l'environnement. Même la haute montagne est durement touchée par la pollution. Tous les espaces sont rongés par les déchets et offrent un paysage hideux, avec une grave menace sur la santé publique. Le site du Sebaou, véritable écosystème aujourd'hui en voie de disparition, est l'exemple parfait du degré de pollution. Les autorités chargées de sa protection semblent désarmées. Toutes les campagnes de nettoyage menées jusque-là sont comme un coup d'épée dans l'eau. A peine nettoyés, les abords des routes, entre autres, redeviennent tels qu'ils étaient quelques jours après seulement. La situation dans laquelle se retrouve ce site et l'environnement en général ont d'ailleurs poussé un député RND à saisir le président de la République par une missive, dont nous avions fait écho, pour l'alerter sur la catastrophe qui guette ce site, situation aggravée par l'extraction effrénée de sable et autres agrégats. «L'extraction de sable de l'oued Sebaou par certains maffieux cause d'énormes dégâts aux ponts et/ou viaducs des routes de la wilaya, aussi bien du côté est qu'ouest, ce qui génère très souvent des désagréments et des perturbations monstres, pénalisant sévèrement les usagers de la route», est-il écrit. Et de poursuivre, «l'Etat débourse des sommes colossales pour procéder aux réparations d'usage des dits ponts et/ou viaducs et ce, sans parler des couches hydriques qui disparaissent systématiquement de cet oued qui est un centre névralgique en matière d'hydraulique, touchant aussi bien la wilaya de Tizi Ouzou que celle de Boumerdès». Le constat est alarmant. On rappellera qu'à propos de ce site, le wali avait instruit, en octobre dernier, les différentes directions et les forces de sécurité de multiplier leurs efforts pour lutter contre l'extraction illicite du sable de l'oued. Le premier magistrat de la wilaya avait averti que toute complicité sur cette extraction de services de l'Etat sera dénoncée et traitée selon la loi. «En cas de complicité avérée parmi vous, je prendrais des mesures dissuasives à l'encontre de toute personne qui sera complice dans la prolifération de ce phénomène», a-t-il insisté. Malheureusement, à ce jour, l'extraction se poursuit et cette instruction ne semble pas avoir eu d'effet sur le terrain. Des vœux... Outre l'instruction du wali, le P/APW avait, pour sa part, regretté l'incapacité des pouvoirs publics à prendre en charge cet épineux problème qui, à moyen ou long terme, risque de provoquer une catastrophe. Il avait souhaité l'intervention des services de sécurité face à l'incivisme des citoyens qui ne semblent pas concernés par leur environ. Les efforts dépensés en sessions, réunions, états généraux, commissions de bons offices, négociations n'ont rien apporté, notamment en matière d'opposition de citoyens qui refusent la réalisation d'un CET. Ainsi, tout reste au stade du souhait. Entre-temps, toutes les contrées de la wilaya prennent l'allure des «écuries d'Augias».