Avec plus de 2500 dépotoirs sauvages recensés, Tizi Ouzou détient le triste record des régions les plus sales en Algérie. La wilaya qui «produit» une moyenne de 400.000 tonnes de déchets ménagers par an, dont 30% sont sujets au tri et à la valorisation, peine toujours à gérer ses résidus selon les normes écologiques requises. Dans plusieurs communes, l'évacuation des déchets, qui incombe aux services municipaux, s'effectue dans des conditions difficiles, le plus souvent dans des camions inadaptés. Outre le manque et l'inefficacité des véhicules de collecte des déchets ménagers, dont le taux d'immobilisation varie de 20 % à 30%, selon la direction de wilaya de l'environnement, la non concrétisation du programme d'éradication des dépotoirs sauvages bute sur le problème des oppositions des citoyens à la réalisation de centres d'enfouissement techniques (CET), notamment dans les localités de Boubhir, Fréha et Mizrana. L'absence ou l'insuffisance d'installations de traitement des ordures ménagères n'ont fait que compliquer la situation. Les conditions d'élimination des déchets laissent à désirer. La situation générale demeure préoccupante même si depuis quelques années des efforts sont déployés pour organiser la mise en décharge des déchets municipaux. Un inventaire élaboré par la direction de l'environnement relève une prise en charge déficiente des déchets urbains liés à l'absence ou à l'insuffisance de centres d'enfouissement technique et de décharges contrôlées, ainsi qu'une prolifération des dépotoirs sauvages à travers les 67 communes de la wilaya. En effet, les trois CET opérationnels (Oued Falli, Ouacifs et Draâ El Mizan) ne sont pas encore dotés d'installations pour le tri et le recyclage des déchets, et ce, malgré l'existence d'une forte activité informelle. Des dizaines de jeunes au chômage investissent notamment dans le créneau de la collecte des produits plastiques et ferreux. Les quantités recyclables jetées dans la nature sont estimées par la direction de l'environnement à 36000 t/an de papiers et cartons, 34000 t/an de plastiques, 45720 t/an de verre et 4840 t/an de métaux. Un véritable «gisement» pour la création de richesses et d'emplois, si ce créneau venait à être développé dans la région. Plusieurs investisseurs privés y sont intéressés mais leurs projets sont tombés à l'eau pour des raisons purement bureaucratiques. Le cas de Hallalou Abderrahmane illustre parfaitement «l'accueil» réservé aux porteurs d'idées et de capitaux dans la wilaya de Tizi Ouzou. Vivant En Europe où il a acquis de précieuses connaissances dans le domaine du tri et de recyclage des déchets, il avait entamé des démarches en 2000 auprès des autorités du pays et de sa wilaya natale pour un projet d'investissement dans cette spécialité. Peine perdue. «Si mon projet n'a pas abouti, ce n'est pas faute de remplir toutes les conditions nécessaires exigées par l'administration algérienne», déplore M.Hallalou.