Valls reproche au PS son attachement aux valeurs Des ténors comme Martine Aubry ou Jean-Marc Ayrault, l'ancien Premier ministre, ont clairement pris leur distance avec la démarche de François Hollande qui, pensent-ils, risque de s'avérer «une erreur fatale lors des présidentielles». L'inscription de la déchéance de la nationalité des binationaux, condamnés pour terrorisme, dans le projet de révision de la Constitution, après avoir suscité une vague d'indignation dans les partis de la gauche dont le Parti socialiste, semble en passe de provoquer les jours prochains de graves fractures tant la colère est allée crescendo chez les militants. Un groupe d'entre eux a annoncé lundi soir avoir saisi la haute autorité éthique du PS pour demander le rejet du projet et une condamnation ferme des propos du Premier ministre Manuel Valls dans le Journal du Dimanche, jugés contraires à la «Déclaration de principe» du parti. Le projet de réforme constitutionnelle, adopté par le Conseil des ministres le 23 décembre et examiné à l'Assemblée à partir du 3 janvier, «a déclenché une réaction forte et légitime au sein du parti et bien au-delà dans toute la gauche», ont indiqué ces militants dans un communiqué, outrés par l'accusation de Valls qui leur reproche leur «égarement» sous prétexte de défendre de «grandes valeurs» au point de «faire le jeu de l'extrême droite». Cette attaque a fusé comme une traînée de poudre puisque de nombreux cadres du PS ont rétorqué que cette déclaration de Valls et son action gouvernementale «sont donc en contradiction avec les valeurs telles que définies par les textes du parti». Et de demander à la haute autorité éthique que les discours et action de Valls «ne sont ni prononcés ni mis en oeuvre au nom des membres» du Parti socialiste. Des ténors comme Martine Aubry ou Jean- Marc Ayrault, l'ancien Premier ministre, ont clairement pris leur distance avec la démarche de François Hollande qui, pensent-ils, risque de s'avérer «une erreur fatale lors des présidentielles» et de porter un préjudice lourd à la gauche dans son ensemble. De fait, les commentaires narquois ne tarissent guère à droite, après avoir acculé le président de la République à «respecter ses engagements solennels devant la nation». La grogne des militants socialistes et la fureur des écologistes et de l'extrême gauche ont de quoi nourrir la joie de leurs adversaires, Républicains et Front national pour une fois sur la même longueur d'onde. Il faut comprendre qu'en s'accrochant à cette mesure de la déchéance de nationalité, le couple Hollande-Valls ne vise pas une lutte contre le terrorisme mais bel et bien la présidentielle de 2017, conscient que l'opinion est actuellement favorable à ce genre de décision et que le scrutin se jouera non entre les camps politiques mais entre les convictions citoyennes quelles que soient leurs couleurs. Or cette mesure est carrément cataloguée «digne du Front national» par Benoît Hamon, élu socialiste, alors que Jean-Marc Hérault y voit une «mesure de division» de la gauche et du Parti socialiste lui-même. Après les déchirements sur la nationalisation de Florange, puis la question des frondeurs, aujourd'hui c'est sur la déchéance de nationalité que le président Hollande a ouvert une guerre civile dans son propre camp. A l'heure actuelle, bien malin serait celui ou celle qui pourrait en évaluer les conséquences, mais tout porte à croire que, cette fois, les traces seront profondes et difficiles à effacer, le moment venu. A trop vouloir jouer aux apprentis sorciers en valsant sur les thèmes porteurs de la droite et maintenant de l'extrême droite, François Hollande et Manuel Valls ont achevé de désespérer les partis de gauche qui découvrent, abasourdis, que leurs craintes les plus délirantes sont bel et bien fondées et que le chef de l'Etat n'est pas l'homme qui fut le chef du PS. Et il se peut que ce ne soit là que la moindre de leurs surprises...