Salvatrice pour les uns, coup de force pour les autres. La loi de finances pour 2016 a fini par être signée hier par le président de la République, lors d'un Conseil des ministres. C'est une fin de non-recevoir que le chef de l'Etat a réservé à la requête de l'opposition, l'appelant à bloquer le texte de la loi de finances 2016. En effet, Abdelaziz Bouteflika a apposé hier sa signature sur le texte portant loi de finances 2016 au siège de la présidence de la République, en présence de hauts responsables de l'Etat et de membres du gouvernement. En réalité, répondre favorablement à la requête des partis d'opposition aurait signifié créer un incident économique et social sans précédent. Car c'est à la base de la loi de finances que les budgets sont répartis à travers les différents secteurs, et ne pas la signer signifie provoquer une paralysie dans l'économie nationale. Adopté en première instance par l'APN, le texte qui a également reçu l'aval de la chambre haute, deux semaines plus tard, a été largement décrié par des partis d'opposition, à tel point que les travaux de la séance de vote organisée à ce propos au niveau de la chambre basse a été fortement perturbée. Les députés du FFS, du PT, ceux du MSP, voire certains de leurs collègues du FLN qui avaient alors agité le spectre de l'appauvrissement des couches sociales déjà vulnérables, ont usé de tous les moyens «démocratiques» pour faire barrage à cette loi «impopulaire». Pour eux, c'est désormais peine perdue, puisque leur dernier espoir de voir leur cause aboutir est partie en fumée. Ceci dit, une dernière chance, maigre soit-elle, est encore entre leurs mains. Il s'agit de celle de sensibiliser l'opinion publique sur les risques que peut engendrer la mise en application d'une telle loi sur leurs portefeuilles et attendre leurs réactions. Les détracteurs du document, défendu par ailleurs bec et ongles par le ministre des Finances, Abderrahmane Benkhalfa, reprochent au gouvernement de vouloir faire payer aux citoyens les imprudences qu'il a lui-même commises à travers sa politique de mauvaise gestion des finances publiques. Au premier jour de l'an, les Algériens vont se réveiller sous l'effet d'une hausse des prix des carburants, du gaz et de l'électricité à la suite des augmentations des taxes sur ces produits. Sous le principe de la réaction en chaîne, cette mesure va engendrer des hausses dans les prix des transports et des produits manufacturés, puisque l'énergie est à la base de toute production agricole, industrielle ou prestation de service. Par les dispositions comprises dans le texte, la LF 2016 est le deuxième projet financier et budgétaire, avec la LFC 2009, à avoir suscité autant de débats, même après son adoption par les deux chambres du Parlement. En réponse aux sceptiques, le ministre de l'Industrie et des Mines, Abdesselam Bouchouareb avait, lors d'un déplacement dans la wilaya de Boumerdès, attaqué sans les citer les détracteurs de la LF 2016, en défendant particulièrement l'article 66 qui appelle à l'ouverture du capital des entreprises publiques au privé et aux étrangers. Adoptée dans un contexte de recul de plus de moitié des prix du brut, la loi de finances pour 2016 a été élaborée sur la base d'un prix de référence du baril du pétrole de 37 dollars et d'un taux de change de 98 dinars pour 1 dollar. La loi prévoit une croissance économique hors hydrocarbures de 4,6% et une inflation de 4%. Elle prévoit également des dépenses globales de 7984,1 milliards DA, en baisse de 9% par rapport à 2015, composées de 4807,3 milliards de dépenses de fonctionnement et de 3176,8 milliards DA de dépenses d'équipements. La loi table sur des recettes de 4747,43 mds DA (-4,3% par rapport à 2015).