La rupture est désormais consommée entre Riyad et Téhéran. L'Arabie saoudite a décidé, dimanche, de rompre ses relations diplomatiques avec l'Iran, au lendemain de l'exécution du dignitaire chiite saoudien Nimr Baqr al-Nimr, farouche opposant au régime des Al Saoud. Cette crise diplomatique est survenue après l'incendie provoqué par des manifestants à l'intérieur de l'ambassade saoudienne à Téhéran, alors qu'une attaque du consulat saoudien de Machhad, dans le nord-est de la République islamique, avait été perpétrée par des manifestants en colère contre l'exécution de l'opposant chiite, Al-Nimr. La crise est désormais ouverte entre les deux pays. De graves conséquences pourraient apparaître dans un Moyen-Orient déjà sous la menace de l'embrasement. L'onde de choc de cette crise n'a pas tardé à se ressentir dans toute la région. Les Emirats arabes unis ont rappelé leur ambassadeur en Iran et réduit les liens diplomatiques avec Téhéran. Avant, c'est le Bahreïn qui est monté au créneau pour annoncer la rupture, comme l'Arabie saoudite, de ses relations diplomatiques avec l'Iran. Le gouvernement soudanais n'est pas en reste puisque il a annoncé «la rupture avec effet immédiat de ses relations diplomatiques avec la République islamique d'Iran», a précisé le ministère des Affaires étrangères soudanais dans un communiqué. Selon lui, cette décision a été prise «à la suite de l'attaque brutale de l'ambassade du royaume d'Arabie saoudite à Téhéran et de son consulat à Machhad qui était un abus flagrant des lois internationales». Face à cette situation, l'Iran, puissance régionale, n'est pas resté de marbre. A son voisin, l'Arabie saoudite, il reproche son soutien au terrorisme. Le vice-ministre iranien des Affaires étrangères, Amir Abdollahian, a indiqué, hier, que «par le passé, l'Arabie saoudite a également commis une erreur stratégique en adoptant des décisions précipitées et irréfléchies qui ont provoqué l'insécurité et le développement du terrorisme dans la région». Téhéran a accusé, d'autre part, Riyad de chercher à aggraver les tensions dans la région et affirmé que la rupture des relations diplomatiques «n'effacerait pas l'erreur stratégique qu'a été l'exécution de Nimr Baqer al-Nimr». Le diplomate iranien a en outre fustigé le royaume saoudien pour «avoir porté atteinte aux intérêts de son propre peuple et aux peuples musulmans de la région avec le complot de faire baisser les prix du pétrole». Enjeux géopolitiques L'Iran estime que Riyad a joué un rôle primordial dans la baisse des prix du pétrole, en maintenant sa production à un niveau très élevé. De plus, l'Iran, puissance régionale, s'oppose à l'Arabie saoudite au sujet des crises qui sévissent dans la région, en Syrie, en Irak, au Yémen ou encore à Bahreïn et au Liban. La veille de ces déclarations, c'est le président iranien Hassan Rohani qui, contrairement aux déclarations de son ministre des Affaires étrangères, a tenté de calmer le jeu. En condamnant les manifestants qui avaient attaqué les représentations saoudiennes, le président iranien semblait vouloir apaiser la situation. Des faits «totalement injustifiables», avait-il estimé en évoquant les attaques qui ont ciblé l'ambassade saoudienne en Iran. Nonobstant, il estimera que la décapitation d'Al-Nimr renforçait les divisions ainsi que l'extrémisme et le terrorisme dans la région. Les tensions entre les deux pays risquent d'aggraver la situation déjà intenable.