L'Allemagne a renouvelé hier sa demande à l'Algérie et au Maroc de «récupérer» rapidement leurs ressortissants déboutés du droit d'asile. LES autorités allemandes se disent même prêtes à accorder un soutien économique à ces pays, «mais seulement dans la mesure où leurs gouvernements feront preuve de justice et permettront l'entrée sur leur territoire aux citoyens qui n'ont pas obtenu l'asile chez nous», a déclaré hier le vice-chancelier et ministre allemand de l'Economie, Sigmar Gabriel, dans un entretien accordé à la chaîne de télévision allemande ARD et dont des extraits ont été repris par l'agence russe Ria-Novosti. «On ne peut pas obtenir simplement une aide et ne pas accepter le retour de ses propres ressortissants qui n'ont pas pu obtenir l'asile du moment qu'ils n'ont pas de raisons pour fuir leurs pays», a-t-il ajouté. Devant cette situation, l'Allemagne envisage des mesures pour accélérer le rapatriement des demandeurs d'asile déboutés venant d'Algérie et du Maroc, notamment en les plaçant dans des centres spécifiques de rapatriement, selon Thomas Kreuzer, président du groupe parlementaire CSU (conservateur) en Bavière, au journal allemand Welt am Sonntag. D'après ce dernier, «tout va dans le sens d'un placement des migrants originaires d'Afrique du Nord et sans perspectives d'installation dans les centres de Bamberg et Manching». Il s'agit ici de centres spécifiques de rapatriement qui permettent aux responsables politiques d'avoir à l'oeil ces demandeurs d'asile au lieu de les disperser dans des centres d'accueil à travers le pays. Mardi dernier, en recevant Abdelmalek Sellal, la chancelière allemande Angela Merkel a plaidé pour le retour rapide des Algériens dont la demande d'asile a été rejetée. Une question qui a brutalement refait l'actualité la nuit du nouvel an à Cologne où plus de 370 plaintes liées à des agressions ont été enregistrées dont environ 40% ont un caractère sexuel. La police allemande a indiqué que plusieurs Marocains et Algériens ont été interpellés pour ces faits de violences et de harcèlements sexuels et, sur 19 suspects identifiés, 14 sont des ressortissants de ces deux pays. Steffen Seibert, porte-parole de la chancellerie à Bonn, est revenu sur cette question, indiquant qu'il existe «un accord de rapatriement» mais, que «dans la pratique, il reste des cas problématiques», rappelant les discussions bilatérales avec ces pays, dont le Maroc et l'Algérie. Si pour le premier, il est concerné par 2896 cas, l'Algérie, elle, doit étudier quelque 2300 dossiers, puisque M. Sellal, tout en condamnant les violences de Cologne, a fait savoir qu'avant tout renvoi en Algérie, «il faut naturellement s'assurer qu'il s'agit bien d'Algériens». Si aucune communication officielle n'a été faite à ce sujet, gageons que des garanties ont été données par Alger pour prendre en charge cette question et accélérer l'expulsion de ces sans-papiers. Mais le problème qui se pose est de détecter les Marocains ou Algériens qui, une fois arrivés en Allemagne par les filières turques et grecques, essaient de se faire passer pour des Syriens ou des Irakiens pour bénéficier du droit d'asile.