C'est à Laurent Bazin, chercheur au CNRS qu'est revenu la charge de présenter le livre Les Sciences sociales à l'épreuve du terrain, coordonné par Mohamed Mebtoul et publié chez l'Harmattan-Algérie à la fin du mois de décembre dernier, lors d'une rencontre de vente dédicace organisée cette semaine à la Librairie Livres d'Art et de Culture à Oran. D'emblée, L. Bazin a qualifié cet ouvrage «d'initiateur» dans le domaine de «la sociologie du terrain», un parent pauvre de la sociologie en Algérie. Tout en notant «le caractère pédagogique» de cet ouvrage qui renferme 17 contributions, il dira «qu'il explicite ce que c'est une enquête du terrain». Toutefois, il prévient que ce livre «n'est pas un manuel de l'enquête sur le terrain, qui est le plus souvent décalé par rapport au terrain». L'ouvrage coordonné par Mohamed Mebtoul «montre concrètement comment se passe la recherche, c'est-à-dire la rencontre avec l'autre et les inattendus que cette rencontre peut occasionner», souligne l'anthropologue français. Dans sa présentation, Bazin estime que «le chercheur ne sort pas indemne de l'expérience du terrain». Les 17 contributions qui composent cet ouvrage, dont certaines de doctorants, relatent toutes les expériences du terrain. En dehors des Algériens, des chercheurs français, belge, vietnamien, laotien et québécois ont participé dans cet ouvrage qui inaugure la collection «Santé et Société» chez L'Harmattan-Algérie. Prenant la parole après celle de son hôte, Mohamed Mebtoul dira : «Le défi de la recherche, c'est de redonner la parole à l'autre.» Et d'expliquer que «ce qui est important c'est la confrontation avec l'autre». Dans son entendement, Mohamed Mebtoul récuse la notion de «l'interviewé». Pour lui, l'interlocuteur participe au même titre que le sociologue à la production du savoir. Développant son idée, il soulignera que «l'intérêt du livre réside dans le décryptage de l'interaction entre le chercheur et l'autre, c'est-à-dire son interlocuteur». Pour Mebtoul, précurseur de l'anthropologie de la santé en Algérie et dans le monde arabe, fort d'une expérience de plus vingt-cinq ans de terrain, «le terrain permet de relativiser nos certitudes». Parce que pour lui, «le chercheur doit être dans l'inachèvement». Le terrain Sur un autre plan, Mebtoul reviendra sur les conditions d'élaboration de cet ouvrage. Il dira «tout simplement nous avons lancé un appel à contribution». Par nous, il entend son équipe de l'Unité de Recherche en Sociologie de la Santé relevant de l'Université d'Oran. «Nous avons reçu une quarantaine de contributions et finalement nous n'avons retenu que dix-sept.» Parmi les noms consacrés qui ont participé à la réalisation de cet ouvrage, citons Monique Selim, une autorité dans le monde universitaire européen et américain. En estimant et espérant à la fois que Les Sciences sociales à l'épreuve du terrain va ouvrir et initier les débats sur «la sociologie du terrain» en Algérie, Mebtoul fera part de sa conviction à l'assistance «qu'on ne peut prétendre être sociologue ou anthropologue si on ne se frotte pas au terrain et ses écueils».