L'association Tujya, en collaboration avec l'association El Fadjr, a organisé, jeudi, une journée de sensibilisation contre le cancer à la maison de la culture Mouloud-Mammeri, en présence de nombreux médecins du CHU Nedir-Mohamed. Les associations de la wilaya font de leur mieux pour sensibiliser sur ce sujet qui reste tabou dans notre société, mais dont on parle de plus en plus par rapport aux années précédentes. Le Dr Takour Yacine, chirurgien, a abordé à cette occasion le sujet du cancer chez l'enfant. Un fait dont on parle peu, car il n'est pas aussi répandu que chez l'adulte. «La tumeur chez l'enfant existe et il faut en parler, car dans notre société on pense souvent qu'il n'y a que l'adulte qui peut présenter une tumeur», a-t-il avancé. Ce dernier ira dans le détail pour expliquer les différentes tumeurs qui peuvent toucher un enfant de 1 à 5 ans, encourageant les parents à faire attention à certains symptômes et certains changements dans le comportement de leurs enfants, qui peuvent révéler une tumeur ou un cancer, en les invitant à consulter à temps. «Nous recevons beaucoup de cas qui ne sont pas diagnostiqués à temps, alors qu'une simple échographie peut changer le cours des choses», précisera-t-il, avant que le Dr Bensaraï ne vienne soutenir les propos de son collègue pour dire que les tumeurs chez l'enfant sont différentes de celles de l'adulte. Elles répondent assez bien à la chimiothérapie, avec un taux de guérison de 90%. Ceci avant d'insister sur l'importance de consulter, de faire des dépistages et de ne négliger aucun symptôme. Si l'enfant est diagnostiqué à un stade précoce, une simple chirurgie peut régler le problème, sans arriver à la radiothérapie ou la chimiothérapie. L'évolution intérieure peut être défavorable alors qu'aujourd'hui l'échographie est un examen anodin, presque à la portée de tout le monde. «C'est un problème de société. Les gens croient qu'ils font juste des infections, des otites ou des gastro-entérites, mais ces maladies peuvent cacher quelque chose de plus méchant», poursuit le Dr Takour. Trois cas traités depuis l'été 2015 La chimiothérapie est une activité récente au niveau du CHU, d'où une courte expérience en la matière. Chez l'enfant, la prise en charge de la tumeur est nouvelle. Elle a été entamée durant l'été 2015. Depuis, une intervention sur un neuroblastome et deux néphroblastomes ont été réalisées avec succès par l'équipe médicale. «Nous commençons à avancer», expliquera le chirurgien, avant de poursuivre : «On ne peut affirmer que ces enfants sont complètement guéris, mais ils sont sur la bonne voie.» Les médecins insistent sur la prise en charge multidisciplinaire : «L'intervention de plusieurs spécialités en même temps est indispensable, dont la chirurgie, l'oncologie et l'anapath. Chacun de son côté apporte quelque chose à ces petits malades, et c'est de là que découle une bonne prise en charge.» Par ailleurs, cette journée a été marquée par des témoignages touchants de malades. Dont celui de M. Djoudi qui, d'une voix tremblante, dira qu'il a été opéré à l'hôpital Mustapha-Pacha d'Alger, il y a 15 ans, à cause de la cigarette. Un sujet auquel le Dr Benseraï a consacré tout un chapitre lors de son intervention sur les cancers. «J'ai fait de la radiothérapie. Aujourd'hui je vis normalement. Je travaille, je mange, je cours, j'ai un peu la voix détruite, mais il ne faut pas avoir peur des interventions. Il faut garder espoir pour guérir», dira-t-il avant d'ajouter amèrement : «La cigarette est une criminelle.» Une vieille femme en larmes attirera l'attention des présents et demandera désespérément «quoi faire contre cette maladie qui lui a pris son mari, 20 jours seulement après les résultats des analyses alors qu'il travaillait dans le secteur de la santé, ne fumait pas et ne buvait pas !» Pour la représentante de l'association Tujya, ce genre d'activités doit se faire régulièrement car elles ont un intérêt certain pour la population, à qui il faut expliquer que le cancer n'est pas un sujet tabou. La raison peut être génétique et cela peut arriver à tout le monde. Et de conclure qu'un gala de solidarité sera organisé aujourd'hui même à la maison de la culture Mouloud- Mammeri avec la participation d'une grande voix de la chanson kabyle, Ali Amrane. Le ticket d'entrée est fixé à 1000 DA et les fonds collectés seront destinés à aider les cancéreux.