La Corée du Nord a mis la péninsule coréenne et le monde occidental, à sa tête les Etats-Unis, en état d'alerte maximale après le lancement hier d'un satellite d'observation de la Terre. Mais cet engin serait une fusée de longue portée. Le Conseil de sécurité a convoqué une réunion d'urgence. Et il y a de quoi ! Un mois après avoir effectué son quatrième essai nucléaire, alors qu'elle est toujours sous le coup de sanctions onusiennes de 2006, lui interdisant toute activité dans ce domaine. Selon la République populaire démocratique de Corée (RPDC), la mise en orbite du nouveau satellite a été réussie grâce au travail des «scientifiques et techniciens de l'Administration nationale aérospatiale». Première à réagir, la Corée du Sud, a indiqué que lancement de l'engin spatial constituait «une action de déstabilisation et de provocation», ajoutant qu'il s'agissait aussi d'«une violation flagrante» des résolutions du Conseil de sécurité. La nouvelle sortie de la Corée du Nord dont l'arsenal militaire souffre en principe de vieillesse, car non modernisé en raison des sanctions et de l'embargo international, a provoqué une réunion spéciale du Conseil de sécurité de l'Onu pour examiner le lancement de cette fusée de longue portée. Le secrétaire général de l'Onu, Ban Ki-moon, l'a qualifié de «profondément déplorable». Ainsi, la communauté internationale, les Européens et les Américains ont tous rappelé le respect que doit observer Pyongyang vis-à-vis de «ses obligations internationales». Kim Jong-un joue avec le feu La Chine, un des rares alliés de la Corée, n'a pas dérogé à la règle mais elle a évoqué «le droit limité à utiliser les essais dans l'espace à des fins scientifiques», appelant, toutefois, Pyongyang à se conformer aux résolutions internationales adoptées à son encontre. Du côté américain, on estime que les Coréens, sous la conduite de Kim Jong-un, se sont donnés à un «test de missile balistique déguisé», à même de vouloir atteindre le territoire des Etats-Unis. Pour appuyer sa thèse, Washington forte du soutien du Japon et de la Corée du Sud, a demandé la tenue d'une session à huis clos du Conseil de sécurité en vue d'étudier la réponse à donner à ce nouveau tir de fusée. Mais face à cette mobilisation internationale contre son régime, le leader nord-coréen, qui a succédé à son père, Kim Jong-il, en 2011, reste inflexible et poursuit la démonstration de force en guise d'avertissement à l'égard des «ennemis». En effet, la Corée du Nord, qui compte moins de 25 millions d'habitants, dispose, selon des experts militaires, de la quatrième plus grande armée du monde. Elle enrôle, selon des statistiques, 1,19 million de soldats et officiers. Deux fois plus que les forces de la Corée du Sud. Mais l'on s'interroge, que peuvent les sanctions internationales contre la Corée, qui intensifie ses activités militaires ? En plus de l'embargo sur l'armement, la technologie et l'industrie en général, Pyongyang est soumise à la surveillance de ses diplomates, au gel des avoirs de personnes et d'entreprises en plus des interdictions de voyager. Un parapluie antimissile à Séoul ? Par ailleurs, les sanctions comportent également une série de produits de luxe que les dignitaires du régime communiste ne seront pas autorisés à se procurer, et rendent obligatoires des inspections de cargaisons suspectes en provenance ou à destination de la Corée du Nord, selon l'une des résolutions de l'ONU. Pour Ban Ki-moon, ces mesures sont un message clair aux dirigeants coréens, afin qu'ils comprennent que «la communauté internationale ne lui tolérera pas l'acquisition d'armes nucléaires et d'arsenal balistique». Toutefois, une coordination entre les Etats-Unis et les pays voisins de la Corée du Nord, en l'occurrence la Chine, le Japon, la Russie, la Corée du Sud, est posée avec acuité en ce moment, mais rien ne peut être acquis d'avance dans le tumulte des relations internationales, surtout que les enjeux stratégiques divergent pour chacune des parties. Dans ce sens, le déploiement, avec la coopération de la Corée du Sud, dans la péninsule coréenne de système antimissile américain semble s'imposer plus que jamais. Pour ce faire, Américains et Sud-Coréens ont convenu, selon des sources officielles, de lancer les négociations pour examiner ce projet de défense et de sécurité à mettre en œuvre face à la menace nord-coréenne.