C'est une affaire judiciaire datant de 2011 et qu'on croyait close qui ressurgit ces derniers jours pour prendre des proportions politiques. Il s'agit, en fait, de celle qui met en cause l'ancien chef de la IIe Région militaire et ex-général-major Kamel Abderrahmane, accusé «à tort» dans une affaire de trafic de cocaïne dans l'ouest du pays. Pour demander réparation et réhabilitation définitive après déterrement de l'affaire, l'ex-militaire s'en est remis au chef de l'Etat à travers une lettre ouverte publiée hier dans les colonnes du quotidien «Le Soir d'Algérie». Dans sa missive, Kamel Abderrahmane écrit : «Je vous adresse cette lettre ouverte aujourd'hui parce que ma dignité et ma fierté viennent, encore une fois, d'être bafouées, et mon honneur d'officier ne me permet de porter le fardeau de l'affront et de l'humiliation. J'ai l'honneur de rappeler, très respectueusement, à votre haute intention, les actes de diffamation à l'encontre de ma personne pour la période où j'exerçais les responsabilités de commandant de la IIe Région militaire. En 2001, le nommé Kada Hazil, directeur des affaires sociales de la wilaya d'Oran, sur instigation de parties tapies dans l'ombre, avait déclenché à mon encontre une campagne de diffamation m'accusant pas moins que d'être partie prenante d'un grand réseau international de trafic de cocaïne». L'ex-général rappelle dans la même lettre que «Kada Hazil cite également de nombreux hauts cadres de l'Etat. Le ministère de la Défense avait alors engagé une procédure judiciaire à l'encontre de l'intéressé qui fut jugé et condamné à trois ans de prison ferme qu'il a purgés. Durant son emprisonnement, l'intéressé avait reconnu qu'il avait été manipulé et m'avait adressé une lettre manuscrite où il affirmait avoir agi sans preuves, tout en s'excusant du préjudice qu'il m'a causé. S'ensuivit alors en 2006 une campagne médiatique se basant sur cet acte de dénonciation qu'avait adressé Kada Hazil en 2001 aux autorités et pour lequel il avait été condamné». Le général-major à la retraite poursuit en indiquant qu'«il y a quelques jours, l'ancien wali d'Oran, Frikh, a cru utile de revenir sur cet épisode lors de son passage dans une émission diffusée par la chaîne privée KBC. Il suggère l'ouverture d'une enquête sur l'affaire de la mafia de la cocaïne impliquant de hauts cadres de l'Etat. Proposition qui va droit dans le sens de la lettre ouverte que je vous adresse, Monsieur le Président». Pour lui, seul le président de la République en sa qualité de premier magistrat du pays peut «trouver la formule la mieux indiquée pour faire la lumière, toute la lumière, sur cette affaire, afin que l'opinion publique puisse se faire une idée précise sur cette scabreuse cabale dirigée contre ma personne, et surtout pour démasquer ses véritables instigateurs». Kamel Abderrahmane conclut sa lettre ainsi : «Après avoir servi mon pays du mieux que je le pouvais, y compris au prix de mon intégrité physique, je ne peux rester de marbre devant une telle campagne de diffamation qui affecte la stabilité et la quiétude de ma famille. Aujourd'hui que plusieurs «acteurs» ne sont plus en fonction, les langues peuvent se délier. Et aucune épée de Damoclès ne pèse sur eux. C'est dire à quel point le moment est propice pour faire éclater la vérité», conclut l'ancien haut gradé de l'Armée.