La communauté algérienne établie à l'étranger commence à s'organiser pour faire face et dénoncer l'article 51 de l'avant-projet de révision de la Constitution rendu public il y a quelques jours et qui exclut les binationaux d'accéder à des postes de responsabilité de l'Etat ou aux fonctions politiques. L'association ADRA (Association des Algériens des deux rives et leurs amis) dont le siège est à Paris est la première à dénoncer l'article en question. Cette association, qui englobe principalement des binationaux, pense qu'avec l'introduction de l'article 51, le législateur fait dans la discrimination pure et simple. « La Constitution d'un pays est censée être une feuille de route aux institutions de la république. Elle doit être élaborée de manière droite, juste et incontestable. L'exhaustivité dans sa rédaction doit être proscrite », explique l'association ADRA dans un communiqué. Ce dernier, dont nous détenons une copie, ajoute que le projet publié cette semaine par le gouvernement, supposé apporter une grande transparence dans une noble finalité démocratique, fait par cette exhaustivité entrevoir certaines positions contestables. En effet, selon toujours cette association très active en France et ici en Algérie, la volonté d'une « exclusion intellectuelle et identitaire » émerge de certains articles de manière ostentatoire. « Ce projet de Constitution engendre une rupture du concept d'égalité entre citoyens algériens, principe hérité des valeurs du 1er Novembre et du congrès de la Soummam », tient à dénoncer ADRA qui note que les dispositions de l'article 51 seraient lourdes de conséquences pour les enfants d'Algérie binationaux. Les hautes fonctions publiques et politiques de l'Etat seraient désormais réservées aux seuls détenteurs de la nationalité algérienne « exclusive », ce qui, toujours de l'avis de l'association, va exclure rien qu'en France plus de 6 millions d'Algériens qui seraient privés de pouvoir participer au développement de leur pays. « L'Algérie se voit donc amputée d'une grande partie de ses enfants à contre-courant de ce qui se passe dans d'autres pays, notamment face aux défis auxquels notre patrie est confrontée. Outre la perte en potentiel, cet article viole le principe constitutionnel de la non-discrimination énoncé à l'article 29 », écrit ADRA dans son communiqué qui rappelle, par ailleurs, que la diaspora algérienne a toujours contribué à l'effervescence politique du pays, notamment lors de la révolution nationale. « Aujourd'hui encore, les ressortissants algériens sont des acteurs incontournables de la vie politique et économique du pays, et constituent une source de richesse matérielle et intellectuelle dont l'Algérie ne peut se passer », ajoute encore ADRA qui souligne que par ces « regrettables décisions », les autorités algériennes œuvrent ainsi pour la division de l'Algérie en créant une catégorie de sous-citoyens, et en reniant une partie de ses enfants. « Le principe de diviser pour mieux régner est ici flagrant », nous a affirmé hier Yougourthen Ayad, le président de l'ADRA. « L'association des Algériens des deux rives et leurs amis, (ADRA), condamne et rejette vigoureusement ces articles discriminatoires, qui créent des clivages et une hiérarchisation de la population algérienne, portant violemment atteinte à la cohésion nationale », nous dira M. Ayad. Ce dernier joint au téléphone nous dira que l'association ADRA a lancé un appel à tous les citoyens algériens, en Algérie, en France et dans le monde afin de se mobiliser pour faire abroger ce qu'il a qualifié « d'articles inégaux, méprisants et anticonstitutionnels ». Il est utile de rappeler que parmi les partis politiques au pouvoir, le FLN a été le premier à demander l'abrogation de l'article 51 de l'avant-projet de révision de la Constitution. Mercredi dernier, le SG du FLN, Amar Saadani, à l'occasion d'une conférence de presse, a clairement signifié que l'article en question empêcherait le retour de milliers de cadres et de compétences algériennes qui souhaitent participer au développement du pays d'où la nécessité de son amendement.