Belle et rebelle. C'est en musique que Raja Meziane a décidé de plomber les plus hautes autorités culturelles du pays. Elle vient de sortir un clip Manich bent Imlak (je ne suis pas la fille d'un ponte). Un clip qu'elle a réalisé entièrement seule. Et elle en est très fière. Raja Meziane, signe avec son premier clip, fait de ses propres mains, la carte de ce qui manque terriblement et depuis trop longtemps aux artistes algériens : la carte de l'engagement. Cet élan du cœur qui ne s'exprime que par la passion pour assouvir et partager cette même passion au plus grand nombre, avec le public algérien et plus si affinités. Le clip commence par une main qui creuse pour sortir des dessous de terre et une autre tendue vers le ciel. Et puis apparait Raja, la bouche cousue. Injustice Les yeux violacés. Elle a mauvaise mine, pourtant elle reste belle. Belle dans cette chorégraphie où elle dénonce toutes les injustices qu'elle subit au quotidien. Toutes ces injustices que beaucoup d'artistes algériens subissent aussi. Celle qui a été découverte dans l'émission «Alhan wa chabab» a décidé de s'en prendre à tous ceux qui imposent leur diktat aux créateurs. «Vous courez après l'étranger et vous ignorez le fils de votre propre pays. Vous appliquez la hogra et Dieu, vous ne craignez point»… Raja Meziane dit ensuite que c'est parce qu'elle se retrouve le couteau à la gorge qu'elle est obligée de mettre à jour toutes ces pratiques. Des pratiques où les hommes et les femmes qui font la culture et le patrimoine de ce pays sont jetés aux oubliettes, qu'ils ont toujours des portes qu'ils leur claquent au nez. «Vous nous prenez pour des chiens. Et vous nous donnez du pain mouillé à l'eau» poursuit la chanteuse. En arrière-plan, Raja Meziane a choisi de planter un bateau à la dérive. Une énorme embarcation toute rouillée et à moitié enfoncée dans la mer. Une belle métaphore pour expliquer l'état actuel du secteur de la culture et du pays en général. Cinglant, touchant et bouleversant, voilà comment se présente le premier premier clip signé par Raja Meziane. Touchant, parce qu'il est certain que sa situation d'artiste ne va pas aller au mieux après ça. Elle sera encore plus ignorée par les médias lourds. Elle sera probablement malmenée par les responsables des structures comme l'office national de la culture et de l'information (ONCI) qui, en passant, ne font jamais appel à elle et d'autres, préférant infliger de l'orientalisation au public algérien. Une orientalisation que ces mêmes algériens paient à coups de milliards. Raja Meziane a, avec son clip, mis le doigt là où ça fait mal. Elle a exulté des mots du cœur pour des maux qu'elle a de plus en plus de mal à contenir. Mais qu'importe, elle est prête à continuer la guerre. A se battre pour faire valoir le droit à exister dans son propre pays. Le combat d'une chanteuse Pendant sept minutes, Raja Meziane a tout déballé des turpitudes qui prennent racine et qui ont torpillé l'identité artistique algérienne avec notamment l'arrivée du «way way». C'est sur youtube qu'il est possible de visualiser Manich bent Imlak. Pour l'instant, ce ne sont que 155 000 vues qui s'affichent mais il est certain que le succès et la reconnaissance ne vont pas tarder à récompenser l'engagement et le combat de la belle Raja Meziane.