Le Maroc veut empêcher toute évolution politique du dossier du Sahara occidental. Le Royaume pousse son outrecuidance jusqu'à vouloir perturber une visite du secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon dans la région. «Le gouvernement marocain se dresse pour empêcher la visite du secrétaire général de l'ONU au Sahara occidental, pourtant approuvée par le Conseil de sécurité», a dénoncé le représentant du Front Polisario auprès des Nations unies, Ahmed Boukhari, dans une déclaration à l'APS. «C'est une véritable démonstration d'obstruction aux efforts du secrétaire général de l'ONU, le gouvernement marocain continue à mettre des obstacles pour empêcher la visite de Ban Ki-moon dans la région», a-t-il précisé. Selon le même responsable, le Maroc qui avait échoué à annuler cette visite, prévue fort probablement pour début mars prochain, veut maintenant la reporter à juillet. «Les autorités marocaines ne veulent pas que cette visite ait une relation avec le prochain rapport sur le Sahara occidental que doit présenter Ban Ki-moon au Conseil de sécurité en avril», explique Ahmed Boukhari, qui décrit la stratégie diabolique du Makhzen en vue de rendre inutile la visite. «C'est une stratégie bien connue du Maroc : bloquer tout progrès dans le dossier sahraoui pendant le mandat de Ban Ki-moon qui arrive à échéance en fin 2016 », a-t-il précisé, ajoutant que «tous les membres du Conseil de sécurité soutiennent cette visite à l'unanimité et affirment qu'il serait idéal de l'organiser avant avril». Le Maroc ne veut pas seulement pousser la date de la visite jusqu'à l'expiration du mandat du SG de l'ONU, mais aussi jusqu'à la fin du mandat du président des USA, Barack Obama, espérant que le changement prochain à la tête de la Maison-Blanche jouerait en sa faveur. «En comptant sur ces deux facteurs, le Maroc veut empêcher cette visite ou la retarder jusqu'à ce qu'elle n'aura aucune valeur politique», a expliqué le diplomate sahraoui qui rappellera que le Sahara occidental est considéré par l'ONU comme un territoire non autonome, dont le statut doit être déterminé par voie de référendum d'autodétermination. «La question du Sahara occidental constitue un point important dans l'agenda du Conseil de sécurité. La visite prévue de Ban Ki-moon (qui plaide pour une solution urgente à la question sahraouie, Ndlr) démontre l'intérêt du secrétaire général à accélérer le processus de paix et à l'appuyer», affirme le même responsable, estimant qu'il était temps pour l'ONU d'exercer des pressions sur le Maroc pour l'amener à reconnaître ses résolutions. A rappeler que le Secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, avait appelé, samedi dernier, tous les fonctionnaires et les organes de l'ONU à ne pas participer au Forum de Crans Montana, prévu en mars prochain dans la ville occupée de Dakhla, au Sahara occidental. En 2015, le Forum Crans Montana avait été critiqué pour avoir tenu sa session annuelle sur l'Afrique et la Coopération Sud-Sud à Dakhla occupée. L'Union africaine (UA), l'ONU et l'Union européenne (UE) avaient alors rendu publiques des déclarations et des résolutions annonçant le boycott de la dernière édition à Dakhla occupée.