Ultime lueur d'espoir en Libye où le Conseil présidentiel a annoncé la formation d'un gouvernement d'union nationale «resserré» tel que réclamé par le Parlement de Tobrouk, duquel il attend désormais une approbation. Cette équipe est composée de 18 membres, dont cinq ministres d'Etat et trois femmes, en regroupant les représentants de tous les groupes politiques à travers le pays. La communauté internationale a maintenant l'oreille tendue vers Tobrouk, après que le Conseil présidentiel a pu, malgré la délicatesse de la tache, mettre en place une équipe qui traduit un savant dosage entre les différentes factions rivales qui se disputent le pouvoir en Libye. Il est certes encore trop tôt pour juger du début de la fin de la crise dans ce pays mais c'est assurément un grand pas pour peu que le «clan» de Tobrouk, qui semble avoir un autre agenda, joue le jeu cette fois pour ne pas saborder le processus politique. Le Parlement de Tobrouk, reconnu par l'Occident, devra en effet rendre son verdict aujourd'hui au plus tard. Soit il donne son onction à ce nouveau cabinet pour permettre l'émergence d'un cadre institutionnel légal à même de venir à bout de la crise politique et sécuritaire qui secoue la Libye soit, au contraire, il creusera le fossé déjà large entre lui et l'autre clan de Tripoli. Une équipe resserrée Cela s'apparente à une dernière chance tant certains pays occidentaux ne cachent plus leur volonté de lancer une nouvelle expédition en Libye. Si le Parlement de Tobrouk refusait de donner sa caution au gouvernement revu et corrigé, ce serait quasiment une déclaration de guerre. Un tel scénario équivaudrait à disqualifier la solution politique au profit d'une intervention militaire étrangère sous la bannière de l'Otan. Est-ce le plan de certains pays occidentaux qui s'appuie sur ce fameux Parlement de Tobrouk pour refuser toute proposition émanant du Conseil présidentiel pour justifier l'échec de la solution politique ? C'est une manœuvre à ne pas exclure. Pour autant, il est permis d'espérer que ce Parlement, drapé de la reconnaissance de l'Occident, puisse revenir à de meilleurs sentiments et donner son feu vert à l'équipe de Fayez Al Sarraj, appelé à devenir le Premier ministre, selon un accord conclu sous l'égide de l'ONU. Dans ce cas, ce sera véritablement un début prometteur dans le processus de pacification de la Libye où le groupe terroriste Daech, qui a déjà planté son étendard à Syrte, ne compte pas s'arrêter en si bon chemin. La reconnaissance du nouveau gouvernement par le Parlement de Tobrouk lui donnera la légitimité politique nécessaire pour unir tous les Libyens. Mieux encore, l'équipe de Fayez Al Sarraj pourra demander à la communauté internationale une aide financière et une assistance militaire dans sa lutte contre Daech. Il semble maintenant que l'Occident voit d'un bon œil la formation de ce gouvernement d'union nationale, pas seulement pour les beaux yeux des Libyens qui souffrent du chaos depuis cinq ans. La France, l'Allemagne, les Etats-Unis, entre autres, craignent désormais que le front de Daech en Libye ne remonte vers le Nord. Il va de soi que les Européens souhaitent contenir ces vagues d'immigrés clandestins qui arrivent par centaines sur leurs côtes. Vu sous cet angle, le règlement de la crise politique en Libye est devenu quasiment une question de sécurité nationale en Europe. L'oracle de… Tobrouk En témoigne ces réactions enchantées de certains dirigeants du Vieux contient suite à l'annonce de la formation de ce nouveau gouvernement libyen. «La caravane de la paix a bel et bien pris sa route pour le peuple libyen», a commenté l'émissaire de l'ONU pour la Libye, Martin Kobler. «J'espère que la Libye pourra avoir un gouvernement pleinement opérationnel très prochainement», a renchéri la chef de la diplomatie de l'UE, Federica Mogherini. «Cela serait un immense pas en avant en vue d'une pacification du conflit politique et un moyen de rétablir l'Etat dans le pays», estime pour sa part le ministre allemand des Affaires étrangères, Frank-Walter Steinmeier. C'est dire que tout le monde semble applaudir la mise en place de cet exécutif consensuel, en attendant «l'oracle» de Tobrouk. Nuit de doute.