Premier président d'un conseil local de la révolution, celui de Benghazi, après la chute d'El Gueddafi, le juge Jamel Bennour ne cache pas ses appréhensions par rapport aux risques guettant le gouvernement Sarraj. - Fayez Sarraj a-t-il des chances de réussir dans sa mission ? Au-delà de la personne de Fayez Sarraj, l'idée d'un gouvernement de consensus gagne du terrain, parce que c'est l'unique alternative pour combattre le terrorisme. Toutefois, ce n'est pas une question de slogans. Ces slogans doivent s'accompagner d'un programme d'application. La dernière condamnation, émanant du Conseil de la présidence du gouvernement, de l'attaque de la centrale électrique de Benghazi ne qualifie pas l'acte de terroriste. Il y a donc tout un travail d'identification des camps qui n'a pas été encore fait. Donc beaucoup de travail reste à faire. Or, le temps presse. - Quelles sont les questions urgentes à résoudre ? S'il y a une question de première importance, c'est le sort du général Haftar. Sarraj et Kobler doivent trouver une formule pour organiser le commandement militaire. Sans cette solution, il n'y aura pas de confiance au gouvernement par le Parlement de Tobrouk. Pourtant, tout ne saurait passer sans l'aval du Parlement. Or, l'Est ne saurait accepter de rejeter le général Haftar. La solution est impérative et urgente. - Le gouvernement peut-il commencer son action à partir de Tunis ? Au-delà du fait que ce gouvernement n'est pas encore légal, sans l'aval du Parlement, ce n'est pas normal qu'il siège à l'étranger. L'autre urgence après celle de l'institution militaire, c'est d'entrer en Libye, dans n'importe quelle ville libyenne, faute de pouvoir siéger à Tripoli. Sarraj ne saurait obtenir la confiance des Libyens s'il reste éloigné de son pays.