Comme chaque année, et au début de la saison des grandes chaleurs, les populations des huit communes côtières de la wilaya de Tizi Ouzou commencent à être gagnées par la hantise des pénuries d'eau. Elles sont en effet légion dans ces communes très sollicitées par les touristes durant la saison estivale. Les commerçants des villes côtières, plus particulièrement ceux de la ville de Tigzirt, ne savent plus à quel saint se vouer. Le manque d'eau risque en effet de compromettre sérieusement la saison. Cet état de fait est l'un des principaux points inclus dans la plateforme de revendications élaborée par les commerçants qui ont paralysé la ville à deux reprises en l'espace d'une semaine. Ne voyant rien venir, ils prévoient une autre assemblée générale qui se tiendra en principe aujourd'hui à Tigzirt. Il sera question non seulement d'évaluer les deux journées de protestation mais aussi d'arrêter des actions pour les jours à venir. «Est-il concevable de voir une ville touristique dépourvue d'eau ?», s'est demandé un commerçant joint hier à cet effet. Notre interlocuteur ajoutera avec dépit que s'il décide d'aller passer quelques jours de vacances, il choisirait forcément un lieu où toutes les commodités sont réunies, notamment la disponibilité de l'eau. En attendant Taksebt Par le passé déjà, nombreux étaient les estivants qui décampaient avant la fin des vacances à cause de ces pénuries. L'alimentation de la ville est d'une irrégularité incroyable. La station de dessalement qui tombe souvent en panne et dont la réfection prend plusieurs jours constitue la grande déception de toute la région qui croyait, à son inauguration, bannir le mot pénurie du vocabulaire. Mais voilà que l'eau de mer, qui vient de la station implantée à Tassalest, est utilisée, quand elle est disponible, juste pour les tâches ménagères. Depuis la suppression de l'alimentation de la chaîne côtière en eau potable, la situation s'est aggravée. Même le prix de l'eau minérale grimpe. Les habitants se retrouvent ainsi contraints de se rabattre sur l'achat de citernes qui, elles aussi, ne répondent pas aux conditions d'hygiène. Cette situation n'est pas propre à cette ville côtière, elle est généralisée à toute cette région. Les ménagères souffrent le martyre. Vers la fin de l'été, les puits et les sources se tarissent et les besoins deviennent plus importants. En attendant le raccordement des communes littorales au barrage de Taksebt, les quelque 120 000 habitants de la Kabylie maritime devront prendre leur mal en patience. Rappelons à ce propos que les besoins sont énormes, ils sont estimés à près de 21 000 m3 par jour. Cette année encore, et comme par un effet d'éternel recommencement, c'est tout simplement la saison estivale qui risque d'en pâtir.