Le mouvement Ennahda refuse de partager la responsabilité de la crise induite par la chute des cours du pétrole et la dévaluation du dinar algérien. «Le pouvoir assume l'entière responsabilité de l'échec des politiques choisies et notre parti refuse que les mesures prises par la suite soient une autre sanction contre le peuple, en plus de tout ce qu'il a déjà enduré à cause de la corruption financière et l'absence de développement économique et social», a estimé hier le secrétaire général d'Ennahda, Mohamed Douibi. S'exprimant à l'ouverture de la session ordinaire du conseil consultatif national de son parti, Douibi a fortement critiqué la manière dont la nouvelle Constitution a été adoptée. Il a justifié sa décision de boycotter la séance d'adoption du texte par le fait que le projet «a déçu le mouvement, la classe politique et les Algériens, en général, en ce sens qu'il n'apporte pas de réponse aux principales revendications exprimées». «La nouvelle Constitution n'a pas consacré la séparation des pouvoirs qui constituent le pilier de tout pays démocratique», a indiqué Douibi qui accuse le pouvoir de vouloir privatiser l'Etat à travers ce nouveau texte. Sur le plan économique, le chef du parti islamiste a tiré la sonnette d'alarme sur les conséquences de la chute constante des cours du baril et de la dévaluation du dinar. «La dépréciation de la monnaie nationale pour atténuer le choc pétrolier n'est autre qu'une manœuvre pour tromper l'opinion publique. Le pouvoir veut faire croire que les recettes en monnaie nationale restent élevées en dépit de la chute des prix du pétrole», a dénoncé Douibi. Il a qualifié cette situation d'illusion monétaire, car «la plupart des services et des produits sont évalués en euro et en dollars». «Si cette politique se poursuit, le pays ira droit vers la faillite financière», a averti le secrétaire général d'Ennahda. Le mouvement s'est dit, en outre, très inquiet quant à l'impact de la loi de finance 2016 sur les couches sociale défavorisées. «La hausse des prix appliqués sur certains produits et services a des conséquences directes sur le mode de vie des couches sociales en difficultés financières», a-t-il signalé. Douibi considère que la LFC 2016 encourage l'économie libérale «sauvage» qui met les richesses du pays entre les mains de quelques groupes pour leur donner le pouvoir au détriment des principes d'un Etat social consacrés par la déclaration du 1er Novembre 1954. La situation de crise que traverse le pays est «caractérisée par l'insécurité aux frontières, la fragilité de l'économie nationale, la paralysie des institutions de l'Etat et une situation sociale en changement», fera remarquer le premier responsable d'Ennahda. Que préconise le parti comme solution ? «Un véritable dialogue transparent et sérieux qui consolidera l'unité nationale et l'éloignera des dangers qui la guettent de tous côtés». Le Conseil consultatif du parti islamiste sera clôturé aujourd'hui.