Il ne veut pas suivre le FLN dans ses provocations. Le secrétaire général par intérim du RND, Ahmed Ouyahia, préfère plutôt calmer le jeu au risque de donner une dimension plus importante aux clivages entre les partis au pouvoir. Hier, dans la paisible ville côtière de Skikda où il a animé un meeting, l'ancien chef de gouvernement n'a riposté ni aux attaques du patron du FLN, Amar Saâdani, ni encore moins aux menaces du membre du bureau politique, Sadek Bouguetaya. «Le FLN reste un allié stratégique. Mes salutations fraternelles et militantes aux militants du FLN et son secrétaire général Amar Saâdani», a lancé Ouyahia, pourtant attaqué avec virulence par les dirigeants du parti majoritaire. L'homme qui avait dit un jour «pour le malheur de l'opposition, le pouvoir est uni», a justement enveloppé sa déclaration dans le cadre d'une réaction aux partisans du «printemps arabe» et de ceux qui attendaient sa réponse au patron du FLN. «Les gens qui ont exploité le vent du printemps arabe pour casser l'Algérie sont toujours là à vouloir trouver d'autres failles par lesquelles ils passeraient. Ils veulent faire croire qu'il y a une guerre entre le FLN et le RND. Ils attendent que je réponde à Saâdani et au FLN d'ici», a-t-il martelé, affirmant que le FLN est un allié stratégique de son parti. En refusant de jouer le jeu, Ouyahia déchante certes l'opposition qui voit dans les discordes entre les deux «béquilles» du pouvoir un signe de division de celui-ci, mais fait la leçon à Saâdani qui ne se soucie même pas de sauver les apparences. Comme quoi, le linge sale ne se lave pas en public. L'hôte de Skikda a préféré donc régler des comptes avec l'opposition qu'il accusera de vouloir déstabiliser le pays. Ouyahia qualifie cette opposition de «virus» du printemps arabe, rappelant la fameuse déclaration du Premier ministre, Abdelmalek Sellal, qui avait soulevé un tollé général lorsqu'il avait dit que l'Algérie possède l'antidote de ce virus. «Malgré la fin de l'épisode du printemps arabe, son virus demeure. Des gens veulent déstabiliser le pays», a accusé Ouyahia, ripostant de nouveau à la patronne du PT, Louisa Hanoune, en réaffirmant que «la loi de finances 2016 n'a pas pour vocation de vendre le pays». Il a aussi répliqué aux détracteurs de son parti. «Ils disent que le RND est né avec des moustaches, mais ils oublient que le RND est né avec une kalachnikov sur l'épaule pour défendre le pays dans les pires moments de son histoire», a-t-il tonné. En revanche, le patron du RND, également directeur de cabinet de la présidence de la République, a fait les louanges des «réalisations du président Bouteflika». «Nous sommes fiers d'avoir soutenu et continuerons de soutenir le président Bouteflika. Nous lui témoignons d'une réalisation majeure à savoir la paix et la réconciliation nationale», a-t-il affirmé, tout en reconnaissant que «si les réalisations de Bouteflika sont là, nous faisons face à de grands défis». Un congrès rassembleur Avant de se rendre à Skikda pour y animer son meeting, Ahmed Ouyahia a rencontré, la veille, les militants du RND à la salle omnisports de Mila où il a abordé le congrès du parti qui aura lieu début mai prochain. Il a expliqué à ses militants que «le prochain congrès extraordinaire du parti sera l'occasion d'unifier les rangs, de renforcer la cohésion de ses militants et d'ouvrir davantage les portes aux jeunes». Ce sera, a-t-il ajouté, «le congrès de la base militante qui aura à élire, par le biais de ses délégués, le nouveau secrétaire général du parti et les membres de sa direction nationale». Ahmed Ouyahia, pressenti pour rester à son poste de secrétaire général du RND, aura comme concurrent Belkacem Mellah qui a décidé de présenter sa candidature pour présider aux destinées du deuxième parti au pouvoir.