Comment présenter le dossier de classement de Yennayer comme patrimoine immatériel universel au niveau de l'Unesco ? La question a fait l'objet d'une journée d'études hier au Centre de recherche en anthropologie sociale et culturelle (Crasc) en présence de la ministre de l'Education, d'un représentant de l'Unesco, du secrétaire général du Haut commissariat à l'amazighité, Si El Hachemi Assad, et d'un panel d'universitaires. La matinée de cette journée d'études a été consacrée aux questions techniques et l'après-midi à la dimension historique de Yennayer. C'est Slimane Hachi, le directeur du Centre national de recherche anthropologique et historique (CNRAH), en connaisseur des expériences de classement de l'imzad, Ahellil du Gourara, Sbiba (de la région de Djanet) et Rekb (d'Ouled Sid Cheikh), qui rappellera que l'Algérie a été le premier pays à ratifier la convention internationale sur le patrimoine immatériel en 2004, c'est-à-dire juste une année après son adoption par l'Unesco. Selon une source qui a requis l'anonymat, un premier dossier pour la demande de classement de ce patrimoine sera déposé le 31 mars au niveau de l'Unesco. Ce dossier, en dehors des formalités administratives, comportera un exposé détaillé sur ce moment festif, coïncidant avec le Nouvel an berbère, accompagné d'un dossier de presse. Les ministères de l'Education, de la Culture et des Affaires étrangères sont associés dans cette démarche de classement. D'ailleurs, même Mme Benghebrit a souligné que cette année, 28 000 écoles, à travers le territoire national, ont célébré la fête de Yennayer. Par ailleurs, Farid Benramdane, chercheur au Crasc et conseiller au ministère de l'Education, a consacré son intervention à «Yennayer à l'école : histoire, tradition et patrimoine culturel national». Cependant, d'après un militant associatif, la société civile et le mouvement associatif doivent être partie prenante de ce processus de classement. Avant cette opération, l'Unesco doit poser des questions précises sur ce moment festif aux associations qui l'ont pris en charge depuis des années et seules habilités et en mesure d'apporter des réponses. Avant les communications des universitaires, la ministre de l'Education, Nouria Benghebrit, a soulevé dans son allocution la question de l'enseignement de tamazight à l'école. On retiendra de ses propos que la question de l'encadrement ne risque pas de se poser l'année prochaine. Le personnel formé dans cette discipline est suffisant. Cet enseignement touchera à partir de la prochaine saison scolaire 32 wilayas. Auparavant, notera-t-elle, 11 wilayas seulement dispensaient cet enseignement, ce nombre a doublé actuellement. Concernant Yennayer, elle dira que «cette célébration officielle inédite dans le système scolaire a coïncidé (…) avec la nouvelle disposition constitutionnelle d'officialiser tamazight. Elle terminera son intervention en soulignant : «Yennayer est, à l'évidence, un exemple d'investissement pédagogique, comme d'autres traditions locales (touiza, taam, achoura, aired…). Ils sont célébrés, fêtés, récités et chantés… C'est à nous de les perpétuer grâce aux protocoles de valorisation du patrimoine culturel immatériel que vous êtes en train de mettre sur pied.» Intervenant à son tour, le secrétaire général du HCA, Si El Hachemi Assad, dira : «Cette journée d'études s'inscrit dans le prolongement du programme du HCA». Et d'ajouter : «Elle coïncide avec la Journée internationale de la langue maternelle proclamée par l'Unesco en novembre 1999.» L'autre coïncidence qu'il relèvera est «la célébration du premier anniversaire de la signature du protocole cadre liant le HCA au ministère de l'Education». Les membres du HCA sont attendus, aujourd'hui, à Tlemcen où ils visiteront les établissements qui ont introduit l'enseignement de tamazight.