Les éditions Juba et El Maârifa ont choisi le 24 février 2016, date fort symbolique du mouvement ouvrier et syndical algérien, pour la sortie de l'ouvrage de Kamel Bouchama Le Mouvement ouvrier et syndical en Algérie de 1884 à 1962. Naissance du mouvement ouvrier algérien, organisation et consolidation du mouvement syndical, première centrale syndicale algérienne, les différents syndicats algériens et les ruptures entre eux, la crise du PPA-MTLD de 1953, la fondation de l'UGSA, la création de l'UGTA et ses multiples phases de développement, les grèves, les conflits UGTA-UGSA-USTA, les grands personnages de la révolution et du mouvement syndical sont les sujets principaux de ce 25e ouvrage de Kamel Bouchama. Dans ce livre de plus de 500 pages, l'auteur retrace le monde du travail et du syndicat qui a besoin d'être défriché. Auteur prolifique, l'ancien ministre de la jeunesse et des sports (1984-1988) continue d'enrichir la bibliothèque algérienne. Ce dernier livre est une référence pour les jeunes et une mine d'or pour les chercheurs. «J'ai entamé ce livre il y a trois ans. Il raconte l'engagement, le travail et le militantisme de nos travailleurs, de nos parents qui étaient des syndicalistes de 1884 à 1962», dira Kamel Bouchama, lors de sa vente-dédicace, samedi, à la librairie du Tiers-monde à Alger. Bouchama a tenu à préciser pourquoi son livre est centré entre 1884 à 1962, en expliquant qu'en 1884 «nous n'étions pas algériens dans un pays indépendant, mais sous l'occupation coloniale» et «La France avait introduit en Algérie la CGT la CFTC … plein de mouvements syndicaux, et à cette époque, les algériens travaillaient dans différents secteurs d'activités et adhéraient à ces organismes syndicaux français pour avoir des droits. De cette manière, ils tenaient la dragée haute à ceux qui commandaient, car avec les syndicalistes, ils avaient des droits et ça leur permettait aussi d'apprendre beaucoup, dont la politique. Ces algériens ont réussi par la suite, à intégrer et à renforcer les rangs des nationalistes…» dira l'auteur. Guerre de libération et organisations syndicales Cet ancien ambassadeur d'Algérie à Damas (2011) raconte, dans ce travail de mémoire, une étape encore assez méconnue de l'histoire de l'Algérie. «Avant 1962, rappelle-t-il, il y avait beaucoup de syndicats en Algérie. L'UGTA n'a été créée qu'en 1956, la même année que la création de l'USTA qui était une centrale syndicale créée sous l'égide des Messalistes algériens. Et bien avant cela, le PPA - MTLD avait créé une commission centrale algérienne des affaires sociales et syndicales qui était sous la coupe d'Aïssat Idir. Elle est suivie par le congrès du MTLD qui s'est tenu en secret à Belcourt (actuellement Belouizdad) où le 14 février 1956 fut lancée la première centrale syndicale algérienne indépendante de la centrale française USTA (union sociale des travailleurs algériens), poursuit-il. Kamel Bouchama met en évidence aussi dans son ouvrage comment en pleine guerre de libération, Abane Ramdane, Ben Khedda et Boualem Bourouiba qui été le promoteur entre autres de la création de l'UGTA, ont ramené Aïssat Idir et ont tenu la fameuse réunion à St Eugène dans le domicile des Bourouiba. Dix jours plus tard, l'UGTA fut créée. Répondant à la question pourquoi le livre n'est pas sorti un 1er Mai, il dira que le 1er Mai est une fête universelle. «C'est la fête des oppressés et des oppresseurs, la fête des opprimés et de ceux qui les oppriment… ce n'est pas uniquement une fête propre aux algériens», répondra-t-il. Le militantisme en ligne de mire L'ouvrage de Kamel Bouchama est une suite d'informations abondantes et d'analyses précises avec beaucoup de noms méconnus, à l'exemple du moudjahid Mohamed Zioui, dont le nom est au fronton du stade d'Hussein-Dey. Grand footballeur, il est l'un des créateurs du NAHD avec Bensiam en 1946, indique Bouchama qui regrette que beaucoup d'événements soient passés sous silence, à l'instar de la grève organisée par Ahcène Kitman, secrétaire des mines de Bougie (Béjaïa) en 1952 à Timezrit (Sidi Aich) et qui a rassemblé 700 mineurs durant 9 mois. Son nom a été donné à la piscine de Sonatrach. «Je pense qu'aucun parmi les syndicalistes n'était au courant de l'histoire de la mine de Timezrit», renchérit Bouchama.