Pour trouver un titre à ce que vous lisez à l'instant précis, chers amis et amies, il aura fallu gamberger… Oui, Journée internationale de la femme oblige, fallait tout de même pas enfariner nos moitiés dans des titrailles style : «L'Algérienne à la croisée des chemins», «La femme, avenir de l'homme» ou encore «Femmes, entre mythes et réalités». En fait, mardi prochain, la femme algérienne se passera de titre. Elle n'aura d'ailleurs pas besoin de titre car elle sera le sujet, non l'objet, et elle sera le verbe sans devoir se chercher un complément ! Aussi, pour cette année, nos compagnes de vie, mères, grand-mères, sœurs, épouses, fiancées, amies, consœurs... savent que mars est le mois des fous, selon l'expression populaire liée au temps qui perd la boule et tout le temps. Elles savent aussi, belles ou moches, que les hommes sont éperdument fous d'elles si, et seulement si, docilité, disponibilité, fidélité et serviabilité riment avec une féminité naturelle et peu rebelle… C'est aussi le mois des hypocrisies et du printemps. Pas du Printemps arabe qui aura avorté d'un fœtus bien laid. non, c'est du beau printemps aux boutons de rose, de la femme qui ose, dont il s'agit. Et quand elle ose, quelle folle vilenie ! Acariâtre, revêche, pimbêche, méchante, grincheuse, portant le pantalon (au sens propre comme au figuré), elle est perçue comme le diable dans l'éprouvette d'une société formatée au «Fais pas ci, fais pas ça, soit belle éventuellement et tais-toi !»… Bon, ça, toutes nos bonnes femmes le savent, en principe. Par contre, pourquoi une journée siglée la leur, pile-poil en mars, mois des fous ? La légende, la légende seulement, veut que l'origine du 8 mars remonte à une manifestation d'ouvrières du textile aux USA en 1857. Un «événement» qui n'a en réalité jamais eu lieu ! La Journée internationale de la femme n'a été reconnue officiellement par l'ONU qu'en 1977. Ensuite, en 1995, il y a eu la fameuse «Déclaration de Pékin» qui admettra, enfin, la violence faite aux femmes comme étant un délit. Fallait bien ça pour que, chez nous, vienne enfin, en décembre dernier, l'adoption de la loi 15-19 relative à la protection de la femme contre toutes les formes de violence. Pour une fois, nos députés ont fait preuve de bon sens en votant cette loi et ce, après un long crêpage de chignon. Néanmoins et au-delà des textes de loi, cette journée de la femme, ressassée une fois l'an par les officiels à des machos n'ayant pour principe que la «roudjla» dans le ciboulot, fera- t-elle changer les mentalités ? Pas sûr car, frapper une femme, même si c'est la sienne, relève d'un simple principe immuable. Dès lors, quand loi et officiels s'en mêlent, bonjour les dégâts ! Cette année, on apprend par exemple qu'une gratuité sur tous les trains de banlieue sera accordée à des femmes en fête, ainsi «honorées».Une belle jambe pour celles qui ne pourront donc pas dérailler, ni sortir des rails bien rivés au sol par des hommes ayant décidé des tracés depuis belle lurette… Aussi, utiliser chaque 8 mars pour un hypocrite encensement des femmes devient anecdotique, pour ne pas dire follement drolatique. D'ailleurs, elles n'en ont cure, entre jeans et foulards, de ces artifices et de cette parodie sociétale qui cache mal leurs vrais sacrifices. Elles s'interrogent même parfois : «où sont passés les hommes, les vrais ?». En ce mois des fous, il serait peut-être temps de farfouiller dans le calendrier et dégager «officiellement», sans ONU, une date pour fêter… la journée de l'homme. Ce jour-là, si courroux il y a en l'APN, on évoquera la folle parité et, plus on sera de fous, mieux on rira !