Il fut un temps, non loin de nous, où ces deux termes, se ressemblant et se complétant, avaient un sens et une direction dans les représentations symboliques d'antan. La rodjla était acquise dès lors qu'un jeune homme commence à prendre ses responsabilités et se faire une place dans le milieu social dans lequel il était appelé à évoluer. La rodjla était caractérisée par certains signes extérieurs et un comportement quelque peu particulier. Mohamed Dib disait dans son Roman « Incendie » : notre honneur est tout pour nous. Il est au-dessus de notre bonheur, c'est la vérité ». Cela veut tout dire. Chez les arabes, d'une manière générale, l'honneur se place au-dessus de toute chose. C'est lui qui régule les relations entre les individus dans un groupe social et les groupes entre eux. C'est lui qui trace les limites à respecter donc à ne pas franchir afin que la vie en communauté ne soit pas perturbée. Le mot rodjla est issu du mot radjel : homme. Ce qui veut dire ou signifier être viril c'est-à-dire être à la fois fort physiquement et avoir des principes, être sûr de soi et ne pas s'incliner ou s'effacer devant un quelconque intrus. Mais c'est aussi se montrer courtois, juste et prêt à venir en aide à autrui dans des situations difficiles. La vraie rodjla ce n'est pas celui qui s'exhibe à longueur de journée pour attirer sur lui le regard des autres. N'a-t-on pas souvent entendu dire à un jeune garçon, dès lorsqu'il devient pubère: « soit un homme ! » (koun radjel). Le film algérien « Omar garlaton » nous montre en quelques images ce que le mot rodjla veut bien dire. Il s'agit d'un fait social tout à fait simple, voire banal à la rigueur, selon le contexte social actuel, mais assez explicite et justifié. L'honneur passe avant tout. La roudjla c'est aussi une sorte de sacerdoce. Une certaine idée bien faite du sens de la justice, du respect mutuel, de la bravoure même. Autant d'attributs que l'on ne retourne pas chez tous les hommes, encore moins aujourd'hui, en raison des différents bouleversements qui se sont opérés dans la société algérienne. Le couple conjugal vivant dans un immeuble n'a aucun rapport avec la famille traditionnelle d'autrefois. Les liens qui unissaient les individus ont été brisés par un système à la fois architectural et sociopschologique venu d'ailleurs. L'homme, le rodjla, à tendance à s'effacer parce que se sentant noyé dans un milieu qui l'ignore. N'oublions que nous retournons les mêmes caractères de la roudjla chez certains femmes qui savent se faire respecter quant il le faut et là ou il le faut.