L'Algérie a mis en garde contre une éventuelle nouvelle intervention militaire internationale en Libye et a réaffirmé son attachement à une solution politique à la crise que traverse ce pays voisin depuis 2011. «Tout autre intervention militaire en Libye engendrera davantage de destruction et de pertes humaines», a signalé jeudi le ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, cité par l'APS. En 2011, Washington, Paris et Londres avaient lancé une opération militaire en Libye sous mandat de l'ONU pour soutenir les insurgés contre le régime de Mouammar Kadhafi, avant que l'Otan n'en prenne les commandes. Depuis quelques jours, les informations se multiplient sur la présence de membres des forces spéciales françaises, américaines ou britanniques en Libye, un pays déchiré par des violences entre factions armées depuis la chute, en 2011, de Kadhafi et divisé entre deux autorités rivales. «Les aventures militaires n'ont aucune chance d'aboutir au règlement de ce problème, ni dans l'immédiat ni à long terme. L'Algérie respecte le droit de la Libye d'instaurer le régime qu'elle juge adéquat pour son peuple», a indiqué Ramtane Lamamra, ajoutant que le rôle de la communauté internationale est d'«œuvrer avec tout son poids, afin d'aboutir à un règlement pacifique et consensuel à commencer par la formation d'un gouvernement d'entente nationale qui tarde à venir». Le chaos en Libye a favorisé la montée en puissance de l'organisation djihadiste Etat islamique (EI) qui occupe Syrte, à 450 km à l'est de la capitale Tripoli, et cherche à étendre son influence. Les Occidentaux, inquiets de l'implantation de l'EI, se disent prêts à contribuer au rétablissement de la sécurité en Libye à condition qu'un gouvernement d'union nationale en fasse la demande. Mais la mise en place de ce gouvernement, soutenu par l'ONU, se fait attendre. L'Algérie n'a pas cessé de souligner «autant l'urgence que l'impératif» d'une solution politique en Libye dans le «strict respect» de son unité et de son intégrité territoriale, avait encore précisé mardi dernier Ramtane Lamamra dans son intervention lors du Segment de haut niveau de la 31e session ordinaire du Conseil des droits de l'Homme des Nations unies. Concernant la décision du Conseil de coopération du Golfe de considérer le Hezbollah libanais comme étant une «organisation terroriste», Lamamra a rappelé la position de l'Algérie concernant le principe de non-ingérence dans les affaires internes des pays, affirmant qu'il s'agit d'«un mouvement politico-militaire qui active sur la scène politique interne au Liban». Répondant à une question sur les prisonniers algériens dans les prisons irakiennes, Lamamra a appelé «à ne pas jeter de l'huile sur le feu concernant les questions sensibles», soulignant que ce dossier comporte plusieurs dimensions dont celle humanitaire. «Il y a une justice et il existe des lois, outre le respect de la souveraineté de l'Irak en tant que pays frère confronté à l'agression de l'organisation terroriste Daech et qui pourrait prendre des mesures pour se défendre et défendre son peuple», a-t-il soutenu, affirmant qu'aucun «jugement sur la légitimité ou la pertinence de ces mesures ne peut être porté». «Des discussions et des actions diplomatiques sont en cours entre les deux pays et devront permettre de trancher ce dossier», a-t-il dit avant de conclure : «Soyons patients et attendons que l'Irak parachève sa procédure juridique pour aboutir à un résultat positif mettant un terme à cette question.»