C'est toute la problématique à laquelle le gouvernement sera confronté au moment de l'élaboration de la loi de finances 2016 qui sera frappée du sceau de l'austérité. Le Conseil interministériel qu'a présidé le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, hier, a examiné le cadrage budgétaire prévalant pour l'élaboration de la loi de finances 2016 qui devrait échoir au Parlement fin septembre prochain. Les ministres ont ainsi présenté les anticipations sectorielles de leurs départements. La démarche du gouvernement, qui a gelé les projets pas encore engagés, s'inscrit, désormais, sous le signe de l'austérité, et l'on s'attend à ce qu'il décrète des mesures en vue de rationaliser davantage les dépenses publiques. Le produit de la fiscalité pétrolière ayant toujours conditionné le train de vie dépensier de l'Etat, l'heure est donc à l'austérité en ces temps de vaches maigres. Le cours du baril du pétrole continue sa dégringolade frôlant avec le prix de référence fiscal admis comme seuil aux dépenses de l'Etat (37 USD). Le prix moyen du baril pour 2015 tournera, en effet, autour de 50 dollars en 2015 et de 54 en 2016 dollars, selon les dernières prévisions, et l'épargne institutionnelle constituée dans le Fonds de régulation des recettes (FRR) ne se renouvelle pas au rythme habituel. C'est qu'il faudrait un baril à 130 dollars pour pouvoir équilibrer le budget de l'Etat en 2015 si les projets non engagés n'avaient pas été gelés. À 50 dollars le baril, l'Algérie a dû bloquer des dépenses publiques prévues en 2015 et elle devrait encore revoir à la baisse ses ambitions de développement l'année prochaine. Le gouvernement, qui a toujours puisé dans le FRR pour éponger le déficit budgétaire, n'a pas la même marge de manœuvre. Le déficit budgétaire prévu par la loi de finances 2015 était de 48 milliards USD, soit 22% du PIB. Un déficit que le gouvernement, qui a établi cette loi de finances sur la base de l'hypothèse d'un prix de marché du baril à 100 USD, espérait combler à travers l'épargne constituée dans le FRR. Or, ses prévisions ont été contrariées par la chute brutale des prix du pétrole dont le prix moyen devrait s'établir à 50 USD en 2015, laquelle a grevé le différentiel devant être versé dans le FRR, et les problèmes n'ont pas tardé à surgir pendant l'exécution du budget. Cette carence prévisionnelle l'a contraint à geler les projets non engagés et à promulguer une loi de finances modificative avec un lot de coupes budgétaires. Une carence qui s'est aggravée depuis 2006 où l'on a autorisé le gouvernement à combler le déficit budgétaire en recourant au FRR. Parce qu'à la création du FRR, il n'était pas question de l'utiliser pour combler le déficit, mais d'aller plutôt emprunter sur les marchés financiers en cas de besoin. Le gouvernement, qui baignait dans une aisance financière jamais connue par le pays auparavant, n'a rien vu venir, préférant les solutions de facilité au détriment de la diversification de l'économie. Une carence qui risque de se traduire d'ici peu par un chaos sur le front social. Parce que les investissements publics, qui portaient jusque-là la croissance, ne peuvent plus être soutenus. Le gel des projets du quinquennal 2015-2019, dont l'esquisse financière a été arrêtée à 21 000 milliards de dinars (262 milliards USD environ), contraindra des milliers d'entreprises, qui se trouveront sans plans de charge, à suspendre leurs investissements et à compresser leurs effectifs. D'autant que la suppression de certaines subventions n'est plus à écarter vu le tarissement des ressources qui menace désormais, y compris le budget de fonctionnement de l'Etat. L. H.