Le «peu» de droits accordés à la femme en Algérie ne vise qu'à servir l'image du pays aux regards intérieurs et extérieurs, estime Ali Benflis, président de Talaie El Hourriyet. Le candidat malheureux à la Présidentielle d'avril 2014 qui intervenait, hier, à l'occasion de la célébration de la Journée internationale de la femme, célébrée au siège de son parti, a vertement accusé le pouvoir en place d'exploiter «la cause» pour se pérenniser. «Pour ce régime politique, le peu qu'il a concédé en matière de droits à la femme algérienne ne sert que de devanture présentable à offrir aux regards intérieurs et extérieurs, alors que derrière cette devanture trompeuse, la réalité est toute autre», a déclaré l'ancien chef de gouvernement. Pour lui, cette réalité «est faite de droits bafoués ou spoliés et de libertés refusées ou réprimées». Plus encore, Ali Benflis trouve que la cause de la femme n'est, aux yeux des tenants du pouvoir qu'«un prétexte et un alibi» pour réaliser leurs propres objectifs. Mais de quels objectifs s'agit-il ? Le président de Talaie El Hourriyet s'appuie sur la dernière révision de la Constitution, adoptée par le Parlement où «le régime politique en place a pris prétexte de la même cause des droits humains aux côtés d'autres prétextes tout aussi fallacieux pour détourner le regard des Algériennes et des Algériens des véritables problèmes du pays, et poursuivre sa quête éperdue de pérennité et de survie», dénonce-t-il. Et à lui d'enfoncer le bouchon plus loin, estimant qu'en réalité la cause de la femme «ne procède pas d'un projet politique, mais bel et bien de calculs politiques». Pire, les droits de la femme en Algérie «relèvent de l'opportunisme politique», accuse Benflis. Sur le terrain, relève-t-il, le pouvoir ne fait pas de distinction entre l'homme et la femme quand il s'agit «de spolier les droits». Le même constat est valable «lorsqu'il réprime les libertés» ou encore procède au «détournement et à la confiscation des voix lors des élections». En somme, le bilan est on ne peut plus clair : Ali Benflis reproche presque au pouvoir d'instrumentaliser la question de la femme. Ce qui lui fait dire, en s'adressant à ses militantes : «Vous réalisez que pour le régime vous n'êtes qu'un alibi et un moyen pour tenter -autant que faire se peut- d'enjoliver ses tristes performances en matière de droits et de libertés.» Le président de Talaie El Hourriyet considère que «la cause de la femme n'est pas dissociable de celle plus large qu'est la cause démocratique». Raison pour laquelle, il liera son épanouissement en Algérie au changement démocratique prôné par l'opposition. «Les droits politiques et civiques de l'Algérienne ne seront pas satisfaits en dehors de la modernité politique. Ses droits économiques ne seront pris en charge effectivement que dans le cadre de la rénovation économique de notre pays», conclut Ali Benflis.