Le verdict est tombé dans l'affaire opposant le journaliste et écrivain, Kamel Daoud, à l'imam salafiste, Abdelfattah Hamadache Ziraoui. Le prédicateur autoproclamé vient, en effet, d'être condamné par la 7e section près le tribunal correctionnel de la cité El Djamel, à Oran, à six mois de prison, dont trois ferme, pour menaces de mort proférées en 2014 contre le journaliste. Une peine assortie d'une amende de 50 000 DA avec demande de versement d'un dinar symbolique pour le préjudice moral causé au plaignant. L'affaire a été jugée la semaine dernière et l'annonce du verdict a eu lieu en l'absence du plaignant et de l'accusé. Dans son réquisitoire, il y a une semaine, le représentant du ministère public avait requis une peine de six mois de prison ferme et 50 000 DA d'amende. Après le verdict, l'avocat du plaignant, Me Fodil Abderezzak, s'est déclaré satisfait du jugement rendu. Sur la Toile, la nouvelle de la condamnation du prédicateur a déjà fait le tour. Certains internautes femmes l'ont assimilée au meilleur cadeau reçu à l'occasion de la Journée mondiale de la femme. Par contre, d'autres estiment que le tribunal a été très clément avec celui qui s'est permis d'accuser l'écrivain d'«apostasie» et de le désigner à la vindicte populaire. D'ailleurs, les propos de Hamadache, à l'ouverture du procès la semaine dernière, ont scandalisé plus d'un. Surtout sa prétention que ses propos ne visaient en fin de compte qu'à défendre l'Etat algérien, jugé du coup «défaillant». Bref, Hamadache s'est substitué à la justice algérienne et le revendique haut et fort. Il y a lieu de rappeler qu'au mois de décembre 2014, l'imam salafiste avait franchi la limite sur facebook en lançant un appel contre le romancier et chroniqueur qu'il qualifiait alors «d'apostat» et de «sioniste qui insulte le Coran et combat l'Islam». Un appel au meurtre qui avait suscité un élan de solidarité, puisqu'une pétition dénonçant les propos de Hamadache a eu son effet sur l'opinion publique, en réunissant des milliers de signataires. Devant le tribunal d'Oran, le 1er mars, l'imam avait maintenu ses propos. De son côté, l'avocat de Kamel Daoud avait simplement sollicité une amende symbolique. Tout indique que Hamadache, accusé d'appel au meurtre contre Daoud, va faire appel. Avec ce verdict, que d'aucuns peuvent qualifier de clément, le tribunal correctionnel n'en lance pas moins ce message que nul ne peut se substituer à la justice. L'imam salafiste qui s'est tristement illustré lors de l'opération dite «cadenas de l'amour» au Télemly, avait également émis une fetwa interdisant l'alcool et le port du maillot de bain. Le verdict dont il vient de faire l'objet dans l'affaire l'opposant à Kamel Daoud est symbolique à plus d'un titre. Il vient, encore une fois, rappeler que nul n'a le droit d'attenter aux libertés et encore moins menacer des citoyens dont le seul «tort» est de dire non aux idées obscurantistes. Ce qui s'est passé récemment dans la localité de Tixeraïne, à l'ouest d'Alger, où un groupuscule salafiste avait tenté d'interdire «Timechret», cette tradition millénaire de partage et de solidarité, renseigne sur la nature de ces individus et de leur doctrine que tout les Algériens rejettent.