Kamel Daoud Hamadache a tenté vainement d'associer le régime algérien l'appelant à condamner Kamel Daoud et à «être exécuté publiquement pour sa guerre contre l'islam». Six mois de prison ferme et une amende de 50.000 dinars. Telle a été la sentence qui a été requise hier, par le procureur de la 7e section pénale près le tribunal correctionnel d'Oran contre Abdelfattah Hamadache dans l'affaire l'opposant au journaliste et écrivain algérien, Kamel Daoud. L'affaire est mise en délibéré en attendant le verdict qui sera rendu à l'occasion de la célébration de la Journée mondiale de la femme, le 8 Mars de l'année en cours. «Nous avons plaidé et demandé un dinar symbolique», dira l'avocat de Kamel Daoud, Me Abderezzak Fodil. Le procès, opposant le chroniqueur et écrivain Kamel Daoud au salafiste Abdelfattah Hamadache, chef du parti islamiste non agréé répondant au nom du Front de la sahwa islamique salafiste libre, a été ouvert dans le milieu de la journée d'hier par la 7e section pénale près le tribunal correctionnel d'Oran en présence de l'accusé Hamadache Abdelfattah accompagné et défendu par son avocat. Un tel procès a été tant attendu par tous ceux qui ont suivi, dénoncé et vivement condamné l'appel au meurtre lancé par le salafiste Abdelfattah Hamadache contre l'écrivain en décembre 2014. Kamel Daoud a, au vu de la gravité de tels propos et cette sortie tonitruante de Hamadache, jugé utile de recourir à la justice algérienne dans le but d'assurer sa protection contre cette violence et mettre un terme à un précédent qui avait soulevé l'ire et l'indignation de l'opinion publique. Me Abderezzak Fodil, avocat de Kamel Daoud, a, dans une déclaration récente faite à la presse, indiqué que «le procès intenté a pour but essentiel la réparation morale pour le préjudice qui a été porté à l'écrivain». «Nous ne nous occupons pas de réparations matérielles, mais nous souhaitons que l'accusé soit puni par la justice du pays», a-t-il précisé expliquant que «Hamadache n'a pas nié les faits qui lui étaient reprochés, lors de son audition par le juge d'instruction». Ce n'est pas tout. Cheikh Hamadache est allé loin dans sa «logique» en appelant à «l'application des houdoud (limites)» l'écrivain algérien. Kamel Daoud n'avait donc pas d'autre voie à suivre que celle de recourir à la justice de son pays, tout en souhaitant l'application de la loi, suite à un appel au meurtre lancé contre sa personne par cheikh Hamadache. Ce dernier a assumé pleinement son acte devant un magistrat. L'affaire remonte à décembre 2014 lorsque le salafiste Abdelfattah Hamadache, en publiant sur Facebook, a émis un appel au meurtre contre le journaliste et écrivain algérien Kamel Daoud, le qualifiant d' «apostat» et de «sionisé» qui insulte «Allah» et le Coran et combat l'islam. Abdelfattah Hamadache qui s'est rétracté en supprimant un post virulent dans lequel il écrivait que du point de vue du Front de la sahwa islamique «si la «charia» islamique était appliquée en Algérie, la sanction serait la mort pour apostasie et hérésie contre Kamel Daoud». Et d'aller plus loin dans sa digression en tentant vainement d'associer le régime algérien, l'appelant à condamner Daoud «à être exécuté publiquement pour sa guerre contre l'islam». Ce qui a valu à Kamel Daoud un tel appel à la fois violent et virulent est sans aucun doute sa chronique qu'il a publiée le jour de l'émission de la fatwa qui était intitulée «50 nuances de haine». Kamel Daoud, jonglant avec la métaphore s'en est pris aux islamistes en écrivant «il y a des cheikhs et des fatwas pour chaque femme en jupe, mais pas un seul pour nourrir la faim en Somalie». L'appel au meurtre lancé par Abdelfattah Hamadache contre Kamel Daoud n'est toutefois pas passé inaperçu, aussi bien en Algérie qu'à l'étranger. Il a suscité une vive réaction ayant émané des intellectuels, hommes de lettres, des journalistes, avocats etc. Cette réaction a été couronnée par le lancement d'une pétition appelant le ministère de la Justice à poursuivre Hamadache pour appel au meurtre. Les signataires de ladite pétition ont condamné avec fermeté et force les appels au meurtre public d'Abdelfattah Hamadache, qui s'est dressé en tant que chef salafiste algérien, contre l'auteur et journaliste Kamel Daoud. Les Editions Barzakh, qui ont édité la publication de Kamel Daoud, se sont, elles aussi, mises de la partie en ripostant par la diffusion d'un communiqué dans lequel elles ont annoncé ce recours à la justice tout en soulignant que l'auteur était «victime d'un appel au meurtre lancé par un salafiste, un de ces sinistres charlatans qui sévissent en toute impunité sur la Toile, à la télévision et dans les mosquées». Ladite édition a qualifié l'appel au meurtre lancé contre Kamel Daoud de fait «d'une gravité sans nom».