Situé sur une colline dans la commune d'Aït Mahmoud, le grand village de Taguemount Azzouz offre une vue panoramique sur le magnifique massif du Djurdjura et toutes les montagnes de la grande Kabylie. Le village est niché à plus de 1000 m d'altitude, à 25 km au sud de Tizi Ouzou. Loin de toute pollution, l'air que respirent les habitants de Taguemount Azzouz est pur. Aucune activité industrielle n'est à signaler dans la municipalité, hormis quelques ateliers de fabrication artisanale. Les ateliers de couture traditionnelle se comptent par dizaines. Les femmes de la région demeurent très attachées aux tenues vestimentaires traditionnelles, contrairement aux hommes. Le passage du colonisateur dans cette paisible localité est, jusqu'à ce jour, visible à travers quelques bâtisses et demeures. Le cimetière chrétien est resté intact, minutieusement entretenu. Un signe de tolérance religieuse qui caractérise les habitants de cette région. Lors de notre visite dans cette contrée, en ce début du mois de juin, c'est toute notre curiosité d'aller à sa découverte qui aiguise notre esprit. Le ventre creux En pénétrant dans l'enceinte de l'annexe d'apprentissage du village Taguemount Azzouz, c'est le chef de cette structure de formation professionnelle, M. Benouarats, un homme d'un certain âge, qui nous a chaleureusement accueillis. Il nous situe d'emblée les lieux, indiquant que la structure qu'il gère est une demeure coloniale qui a servi de gîte aux Sœurs-Blanches jusqu'en 1974. Elle est transformée en collège jusqu'en 1989, année où elle est affectée au secteur de la formation professionnelle pour servir d'annexe d'apprentissage reliée au centre de formation professionnel de Draâ Ben Khedda. D'après notre interlocuteur, la capacité d'accueil de cette annexe est de 100 places, mais seuls 65 stagiaires sont inscrits à présent. Parmi les métiers enseignés, l'informatique, la comptabilité, le prêt-à-porter, le transit douanier, soit quatre formation au total au lieu des six qui devraient y être assurées. Deux spécialités ont été supprimées, faute de moyens humains et matériels. Le responsable et les enseignants déplorent le manque flagrant de matériel logistique et pédagogique. «L'annexe est rarement dotée en matériel», nous indique-t-on. Dans la salle d'informatique, nous avons remarqué la vétusté des micro-ordinateurs. Quant au raccordement au réseau internet, il reste un vœu pieux. Le manque d'effectif est aussi soulevé. Le réfectoire fait défaut, ce qui contraint les candidats à rester le ventre creux toute la journée. Malgré ce tableau peu reluisant, la détermination de l'ensemble du personnel et stagiaires se lit sur les visages.
Les bras croisés Juste à côté, même son de cloche chez le personnel du dispensaire du village. Les cinq infirmières qui assurent la permanence sont restées les bras croisés toute la journée. Renseignement pris auprès de ces dernières, le manque de moyens est flagrant. «Cela fait une semaine maintenant que nous sommes sans travail à cause du manque d'eau», nous lance d'emblée la plus âgée d'entre elles. Elle ne s'arrête pas là. Du manque d'effectif à celui de l'équipement, la liste est trop longue pour signaler toutes les carences. «Même pour les premiers soins, nous n'avons pas de médicaments. Le médecin quitte son poste à midi. Quant à nous, nous éprouvons toutes les peines du monde pour prendre en charge ne serait-ce qu'un patient.» D'ailleurs, ces derniers ont fini par bouder ce lieu qui n'a de dispensaire que le nom. «Nous recevons un à deux patients par jour, et c'est tout ! Des fois, personne. Cette situation ne nous arrange guère», nous déclare une jeune infirmière visiblement outrée. Nous avons constaté de visu que la chaudière ne fonctionne plus. Elle est tombée en panne depuis belle lurette. Sa réparation n'est pas pour demain, nous indique-t-on. Pour rappel, ce dispensaire a ouvert ses portes en 2007. C'est le ministère de la Solidarité nationale qui a financé le projet, affirme-t-on. Inauguré en grande pompe à l'époque en présence des autorités locales, il est aujourd'hui livré à lui-même. Les infirmières dénoncent avec véhémence la marginalisation dont fait l'objet ce centre de santé, au grand dam des habitants qui ne savent plus à quel saint se vouer. Ces derniers, pour le moindre soin, sont contraints de se déplacer jusqu'au chef-lieu de la daïra, si ce n'est à Tizi Ouzou quand c'est nécessaire.