Depuis vingt-cinq jours, les employés et les cadres de l'OGEBCP (Office de gestion et d'exploitation des biens culturels protégés) n'ont pas pu accéder aux locaux de leur administration sise au Palais du Bey à Sid El Houari. Les membres de vingt-huit familles occupant depuis des décennies une aile de ce Palais, un des plus importants monuments historiques d'Oran, ont fermé l'accès aux employés de l'OGEBCP le jour de l'opération de relogement des habitants de Sid El Houari parce que s'estimant exclus de cette opération. Passé le temps de la colère et des émeutes ayant jalonné cette opération de relogement, ceux qui occupent les Donjons rouges du Palais du Bey ont maintenu le blocus dudit Palais. Le premier responsable de cet office a saisi toutes les autorités de la ville, à commencer par la direction de la Culture. Même le wali d'Oran a été mis au courant de cette affaire et sa promesse d'intervenir est restée sans suite. Le maire de la ville est lui aussi au courant de ce fait. Bref, toutes les autorités en mesure de faire appel à l'intervention de la force publique. Le blocus de cette administration intervient au moment où des engins sont en train de raser des immeubles de ce quartier, témoin de l'histoire de la ville. Rappelons que l'Office a à sa charge une vingtaine de sites historiques, dont le fort de Santa Cruz, unique en son genre, surplombant la ville d'Oran et repère touristique incontournable. Parce que désemparés et ne sachant à quel saint se vouer, les employés de l'OGEBCP se trouvent à la rue alors qu'un crime contre le patrimoine universel se déroule à quelques encablures du siège de leur administration. En effet, un promoteur immobilier, parent d'un ex-député MSP, a pu acquérir une assiette de terrain destinée à recevoir un immeuble de plusieurs étages. Signalons que cette assiette est un petit jardin jouxtant une grande surface appartenant à ce promoteur immobilier. Mais en creusant les fondations, les ouvriers ont débouché sur des galeries souterraines datant d'une époque historique révolue. Sauf intervention des pouvoirs publics, à commencer par le ministre de la Culture lui-même, un site historique souterrain risque de disparaître. Précisons que le décret de classement du quartier de Sid El Houari a été promulgué il y a plus d'une année et publié au journal officiel. Signalons aussi qu'il y à peine quelques semaines, une association s'intéressant au patrimoine de la ville a initié une balade dans une partie de ce réseau de tunnels au profit des citoyens d'Oran pour leur faire découvrir les richesses de leur ville. Ces viols du patrimoine se déroulent au vu et au su de tout le monde alors que les discours sur le tourisme culturel foisonnent et se répètent sur la bouche des responsables.