Difficile de croire que la réponse du député du RND, Tayeb Mokadem, coordinateur du bureau de Tizi Ouzou, à Amar Saâdani, n'est pas l'œuvre d'Ahmed Ouyahia. Ce dernier, accusé de «trahison» vis-à-vis du président Bouteflika, ne répondra pas personnellement au patron du FLN, préférant actionner l'un de ses fidèles lieutenants. Dans une déclaration-dénonciation, le député de Tizi Ouzou s'en est violemment pris au secrétaire général du FLN qui «s'est découvert de nouvelles vertus depuis quelque temps à outrager un homme politique honnête qui a donné sa vie pour la République». Se disant «écœurés par les déclarations irresponsables et incendiaires émanant du sieur Amar Saâdani, notoirement connu pour ses écarts de langage et ses attitudes décalées», Tayeb Mokadem, un fidèle parmi les fidèles du patron intérimaire du RND, a dénoncé ce qu'il qualifie de «propos orduriers» de Saâdani et a appelé l'opinion publique nationale «à prendre acte de la gravité de cette sortie médiatique». Connaissant parfaitement la proximité du député avec son chef et néanmoins actuel directeur de cabinet de la présidence de la République, une source du RND affirme que «Mokadem n'aurait jamais agi seul et surtout sans avoir au préalable eu le feu vert d'Ouyahia». Et dans cette réponse, un message est adressé à Amar Saâdani à qui on veut faire comprendre que le SG intérimaire du RND n'abaissera pas le niveau si bas pour répondre à ses attaques. «A cet agitateur politique primaire, nous lui disons : «Basta ! Rangez votre langue et arrêtez de vous acharner contre un Monsieur pétri de valeurs novembristes et patriotiques qui vous a pourtant toujours retenu parmi ses alliés bien respectés», écrit l'élu de l'APN. Et d'ajouter à l'adresse de Saâdani que c'est au nom de cette alliance et de ce respect qu'Ouyahia «n'a, jusqu'ici, fait aucune déclaration pour répondre à vos dérapages». Quant à la fidélité à Bouteflika que l'homme fort du RND aurait «trahi» selon les accusations d'Amar Saâdani, l'auteur de la déclaration rappelle qu'«Ahmed Ouyahia n'a pas pénétré le palais d'El Mouradia par effraction comme vous l'avez fait dans la vie politique par intrusion». «Il y restera tant qu'il s'agit de la sollicitation de Son excellence Monsieur le président de la République», soutient-il encore, estimant que le chef de l'Etat a confié les commandes de son cabinet à Ouyahia «parce qu'il croit à son génie politique et il ne doute guère de son honnêteté de son amour pour la patrie». Tayeb Mokadem qui tient minutieusement à rappeler le parcours d'homme d'Etat d'Ahmed Ouyahia, et qui «a toujours assumé ses fonctions» malgré les crises politico-économiques «plus graves que celles que nous vivons actuellement, notamment durant les années (1995-I997)», a-t-il dit, n'hésitera pas à provoquer Saâdani, lui indiquant qu'à cette époque-là «il n'était pas encore connu des Algériens, car (étant) occupé à défouler ailleurs». Enfin, condamnant ce qu'il qualifie de «calomnies et blasphèmes», le député assure le patron du FLN que «par sa retenue innée et son haut niveau politique», Ouyahia «ne va pas (lui) tenir rancune». Il l'invitera plutôt à contempler un proverbe asiatique qui dit que «lorsque l'ignorant se fâche, l'instruit comprend» ! Des propos, le moins que l'on puisse dire, tendent à faire comprendre au SG de l'ex-parti unique qu'il est loin de se comparer à un homme de la trempe d'Ahmed Ouyahia. Diplomatique d'ailleurs qu'elle est cette réponse, le chef de cabinet de Bouteflika semble «larguer» carrément Amar Saâdani.