Au-delà du poste de Premier ministre que le FLN et le RND se disputent en perspective du prochain changement de gouvernement, l'acharnement d'Amar Saâdani sur Ahmed Ouyahia n'est pas étranger, selon nos sources, à certaines échéances futures, jugées hautement stratégiques. Tout le monde l'aura remarqué : le SG du Front de libération nationale (FLN), Amar Saâdani, ne rate plus aucune occasion pour solder ses comptes avec sa désormais cible privilégiée, le chef intérimaire du Rassemblement national démocratique (RND), Ahmed Ouyahia. Et à chaque reprise, le patron du FLN se montre un peu plus virulent dans son entreprise, frôlant parfois la maladresse. La dernière attaque en date fut à Zéralda, à l'occasion d'une journée d'étude sur les dispositions de la nouvelle Constitution. Devant les cadres de son parti, Amar Saâdani avait déterré le dossier de la campagne "mains propres", menée dans les années 1990 par Ahmed Ouyahia, alors chef de gouvernement. Ce dernier a été ouvertement accusé d'avoir commis de "grandes injustices" en mettant derrière les barreaux des gestionnaires issus de différents secteurs publics. Le message est clair aux yeux d'une source au FLN : "Saâdani laissait entendre qu'Ouyahia n'a plus sa place sur l'échiquier politique, après les changements opérés par Abdelaziz Bouteflika au sommet de l'Etat. Demander au Président de réhabiliter ces cadres et réparer des injustices à la faveur des dispositions qu'offre la nouvelle Constitution, veut dire qu'il y a matière à rompre avec une ancienne gestion des affaires du pays, donc ses hommes et par conséquent l'actuel chef de cabinet à la présidence de la République." Notre source au RND n'en pense pas moins, quant à la volonté du SG du FLN de voir Ouyahia mis hors jeu. "Saâdani veut, en effet, pousser Ouyahia à la porte." Mais pourquoi un tel acharnement ? La même source cite d'abord le poste de Premier ministre que les deux partis se disputent en perspective du prochain changement de gouvernement que certains estiment imminent. Ensuite, les législatives de 2017 qui vont considérablement peser dans l'après-Abdelaziz Bouteflika. "Le résultat des législatives de 2017 sera forcément favorable au parti qui va prendre le Premier ministère, donc la majorité au gouvernement ; et la majorité à l'APN conférera, ensuite, un grand poids au parti qui régnera sur l'Assemblée, lorsque sonnera l'heure de la course vers le Palais d'El-Mouradia." Et pour ce faire, tous les moyens sont bons, quitte à créer, à nouveau, une fronde au RND pour déstabiliser de l'intérieur Ahmed Ouyahia. "Il y a eu des tentatives de déstabilisation et il y en aura encore, surtout à l'approche du congrès du parti, le 5 mai prochain", confie notre source. Mais comme Amar Saâdani n'agit presque jamais en solo, encore moins de son propre chef, ce qui s'est d'ailleurs vérifié, notamment, lors de son offensive contre l'ex-patron du DRS, tout porte à croire que le SG du FLN opère selon une feuille de route bien tracée. Mais notre source au RND ne pense pas que les ordonnateurs sont forcément à la présidence de la République. "Il y a une autre partie qui pèse sur l'échiquier et qui soutient ouvertement Amar Saâdani et le FLN. Nous avons eu d'ailleurs à le constater dans un passé récent, lorsque nous n'avions pas reçu certaines félicitations auxquelles le FLN a eu droit", conclut notre source. Mehdi Mehenni