V a-t-on vers la réhabilitation, ou l'absolution pure et simple de l'ancien ministre de l'Energie et des Mines, Chakib Khelil, qui vit actuellement aux Etats-Unis après un long séjour en Iran ? Tout porte à le croire. La manière avec laquelle il a été défendu, lavé de toutes les accusations de corruption, de la mauvaise gestion qui a caractérisé son secteur, par Amar Saadani, le secrétaire général du Front de libération nationale (FLN), dont le Président n'est autre que le chef de l'Etat, Abdelaziz Bouteflika, met en perspective un retour triomphant de celui contre qui l'ancien procureur général près la cour d'Alger, Belkacem Zeghmati, avait émis un mandat d'arrêt international. Dans une longue interview diffusée avant-hier par Ennahar TV, le patron de l'ex-parti unique a brossé un portrait idyllique de l'homme. Selon Saadani, «Chakib Khelil a été victime d'un complot qui l'a visé en tant que personne et cible également Sonatrach et le Président». «Ils ne voulaient pas que le Président fasse un 4e mandat», souligne Amar Saadani qui explique que «les auteurs du complot savent très bien que Sonatrach est la pourvoyeuse de la rente qui sert à l'exécution du programme présidentiel». Pour lui, «Sonatrach n'a jamais connu un ministre aussi compétent et intègre que Chakib Khelil qui a permis à l'Algérie d'engranger environ 1500 milliards de dollars». Jamais le secrétaire général du FLN n'aurait pu s'autoriser un tel plaidoyer qui blanchit totalement l'ancien ministre de l'Energie, s'il n'y avait pas une volonté du pouvoir de procéder à la réhabilitation de Chakib Khelil impliqué dans un énorme scandale de corruption qui a entaché 7 contrats de 8 milliards d'euros conclus entre Sonatrach et Saipem. Cette filiale du groupe italien ENI a versé, selon des rapports de la justice italienne, 198 millions de dollars de pots-de-vin à son homme de main, Farid Bedjaoui, neveu de l'ancien ministre des Affaires étrangères, Mohamed Bedjaoui. Si le patron du FLN laisse comprendre que les changements opérés au sein du DRS ont été par ailleurs une sanction contre ceux qui ont élaboré des rapports contre l'ancien pilier du régime de Bouteflika, plusieurs autres indices consolident la thèse d'une réhabilitation qui s'annonce, et préparent déjà le terrain pour un retour qui se précise sous forme d'une revanche. D'abord le départ de l'ancien ministre de la Justice, Mohamed Charfi, qui aurait payé son refus d'extirper Chakib Khelil de cette affaire – il a été remplacé par Tayeb Louh –, puis l'annulation du mandat d'arrêt international émis à son encontre, «pour vice de forme», par l'ancien procureur de la cour d'Alger, lui aussi démis, récemment, de ses fonctions. Si la justice italienne continue à confondre l'ancien ministre de l'Energie et son homme de main Farid Bedjaoui, à Alger il n'y a, en fait, plus aucune trace de ce scandale qui a fait couler beaucoup d'encre. «Il n'y a plus aucun obstacle juridique qui empêcherait Chakib Khelil de rentrer en Algérie», a indiqué hier une source citée par le journal Ennahar. Il semblerait même que l'ancien ministre de l'Energie s'apprêterait à revenir au pays dans les prochains mois, soutient la même source. Mais en attendant, il bénéficie d'une campagne médiatique sans précédent qui tend à soutenir la démarche du secrétaire général du FLN qui le blanchit.