La population de Kabylie n'a pas oublié ses martyrs du printemps noir de 2001/2002, où plusieurs jeunes ont été tués. Elle le prouve avec la célébration du 36e anniversaire du Printemps berbère qui coïncide avec le 20 avril de chaque année. Si le mois d'avril est un mois sacré qui évoque le combat identitaire, il ne fait pas, néanmoins, référence au seul mouvement des années 1980, mais aussi aux violentes émeutes qui ont éclaté en Kabylie en avril 2001 et 2002 où 126 jeunes manifestants ont été tués, en plus de plusieurs centaines de blessés. A Yakouren, dans la daïra d'Azazga, la bibliothèque communale a été choisie pour rendre hommage, hier, à Kamel Irchen, symbole de résistance et de liberté pour toute la jeunesse kabyle. C'est la chorale Tilleli d'Ath Aissi, le village natal du défunt militant qui a présenté une magnifique prestation en sa mémoire. La chanson Aheddad Baoual a été présentée avec une mise en scène montrant le jeune militant avec son message de liberté à ses frères résistants. Pour rappel, Kamel Irchen a été tué le 27 avril 2001 par les gendarmes à Azazga. Avant de rendre son dernier souffle, il a écrit avec son sang le mot «Liberté». C'est le frère du défunt militant avec ses confrères qui sont les organisateurs de cet hommage qui compte aussi plusieurs activités comme la Caravane des petits enfants qui a sillonné la ville de Yakouren, ainsi qu'une exposition de plats traditionnels et diverses autres activités. Massinissa Guermah, le déclencheur «Papa, je ne sens plus mes pieds ! Papa, puis-je encore marcher ? M'ont-ils tué, papa ? Je ne sens plus mes jambes...» C'est une phrase qui fait le buzz sur les réseaux sociaux faisant référence aux dires du jeune lycéen Massinissa à son père qui le prend dans ses bras juste avant de mourir. Qui ne connaît ou n'a pas entendu parler de Massinissa Guermah, l'autre symbole de la résistance kabyle et l'élément déclencheur de la grande révolte qui a embrasé la Kabylie en 2001 pendant plusieurs mois. Assassiné le 18 avril 2001 à Béni Douala d'une rafale d'arme automatique par les gendarmes, le jeune lycéen n'est qu'une victime parmi tant d'autres du printemps noir. Si la Kabylie n'a jamais oublié ses enfants, le 20 avril reste l'occasion de se rappeler d'eux, de pleurer leur perte, et de parler de leurs blessures indélébiles. Les internautes, de leur côté, rendent hommage à ces victimes en publiant leurs photographies et des messages en hommage à leur mémoire.