Le premier secrétaire national du Front des forces socialistes (FFS), Mohamed Nebbou, pense que le pouvoir est en partie responsable de la montée des idées séparatistes en Kabylie, portées par le Mouvement pour l'autonomie de la Kabylie (MAK). Lors d'un meeting populaire animé hier à Oum El Bouaghi, Nebbou n'a pas été avec le dos de la cuillère pour tirer, à boulets rouges, sur le MAK, «un mouvement jusque-là minoritaire», a-t-il dit. «C'est dans ce contexte de déliquescence générale qu'il faut replacer l'apparition d'un mouvement séparatiste en Kabylie», a déclaré le numéro 1 du FFS, dans son discours à l'occasion de la célébration du 36e anniversaire du Printemps berbère. Pour lui, «la déliquescence de l'Etat, l'absence de projet de développement, l'obstruction des perspectives d'avenir pour une jeunesse privée du droit au travail, à l'exercice de ses libertés, à son épanouissement social, politique et culturel, (…) poussent les jeunes de Kabylie à protester et à reprendre des mots d'ordre séparatistes qui faisaient rire les gens il y a quelque temps». La colère et le désarroi des jeunes de Kabylie «sont semblables à ceux des jeunes de toutes les régions d'Algérie», estime Nebbou, insistant sur le fait qu'«on ne peut imaginer le destin et l'avenir de la Kabylie en dehors du destin national commun de toute l'Algérie». Une sortie bien qu'elle soit «tardive», replace cependant les choses dans leur contexte et met les points sur les i, surtout que le MAK en a profité de sa marche du 20 Avril cette année, pour crier victoire à sa cause indépendantiste. Le mouvement de Ferhat Mehenni, qui s'est désormais allié au sioniste Bernard-Henri Lévy (BHL), fait peur au pouvoir. Outre le MAK, Mohamed Nebbou n'a pas ménagé l'ancien président du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), Saïd Sadi. «Certains intérêts particuliers entendent instrumentaliser la région et la colère légitime de la jeunesse pour se replacer sur la scène politique», a-t-il lancé, dans une allusion à la multiplication de sorties et de conférences de l'ex-leader du RCD. A ces deux cibles s'ajoutent aussi «des forces» au sein du pouvoir qui, selon Nebbou, «poussent au pourrissement». Ces mêmes forces qui «multiplient les provocations (…) ne savent gérer les problèmes qu'avec la répression», accuse-t-il. «Banalisation des scandales : une agression contre l'Etat !» Rappelant à l'occasion le combat et l'attachement indéfectibles de son parti à «l'unité nationale et à l'intégrité territoriale de l'Algérie», le premier secrétaire national du FFS pense que «tous les gens sérieux savent que la revendication de tamazight est indissociable de la démocratie». «Tamazight est inconcevable sans la liberté. Et la liberté comme la démocratie est nationale», insiste l'orateur, non sans tirer sur le pouvoir en place. Dans son discours d'ailleurs, Mohamed Nebbou trace un tableau des plus sombres sur la situation que traverse le pays. «Chaque jour, des Algériens se lèvent et protestent contre leurs conditions de vie, contre la pauvreté, contre le chômage, contre la hogra, contre l'absence de justice, contre la corruption, contre le mépris», fera-t-il remarquer, regrettant que cette situation inacceptable «ne trouble pourtant pas le sommeil du gouvernement ni la prospérité de nos hommes d'affaires». Ce que Nebbou qualifie de «banalisation» est, selon lui, «l'indice que les pouvoirs publics et les élites dirigeantes ne sont plus en mesure d'apporter les solutions aux dysfonctionnements sociaux». Enfin et dans une allusion à l'apparition du nom d'Abdessalem Bouchouareb, ministre de l'Industrie, dans le scandale planétaire «Panama papers», Mohamed Nebbou a regretté une «Algérie qui fait la une des médias à cause de la corruption». «Ce pays admirable est en train d'être gangrené de l'intérieur. Par la banalisation du crime et du scandale», estime le premier secrétaire du FFS, ajoutant qu'«il y a une génération d'Algériens qui ne connaît de son pays qu'une succession de violences et de scandales !». Cette banalisation, assène-t-il, «est une agression majeure contre l'Etat et ses institutions».