La crise politique nationale et multidimensionnelle est le fruit de l'action du pouvoir, a estimé Nebbou. Le premier secrétaire du FFS, Mohamed Nebbou, a animé hier un meeting populaire à la maison de la culture Mouloud-Mammeri de Tizi Ouzou. Dans un long discours, Mohamed Nebbou a rappelé le rôle du FFS "dans la revendication de l'officialisation de tamazight" et se "félicite que le consensus soit fait aujourd'hui sur cette question et que la prochaine Constitution intégrera à coup sûr cette vieille revendication que le FFS a portée à un certain moment tout seul et contre tous". Il évoquera également "l'appel du FFS depuis sa naissance à la construction d'un Etat démocratique où la volonté populaire sera la seule et véritable source du pouvoir", ajoutant que "le régime politique en place a tout fait pour stopper et paralyser cette dynamique. Entre 1962 et 1989, le système du parti unique a instauré la terreur, ligoté toute opposition et muselé les libertés individuelles et collectives. Comme nous avons mis en garde en 1962 et comme nous avons mis en garde en 1992, nous mettons en garde aujourd'hui contre un avenir incertain, si le statu quo persiste et si l'on reste sans rien faire", a-t-il averti. "Aujourd'hui, le paysage politique, économique et social en Algérie ne présage rien de bon. Tous les indicateurs sont alarmants et le danger réside dans la désintégration et l'effondrement de l'Etat. Hélas, la classe politique, comme elle l'a fait en 1962 et 1992, ne veut pas assumer ses responsabilités", estimera-t-il, tout en soulignant que "la crise politique nationale et multidimensionnelle est le fruit de l'action du pouvoir". Le premier secrétaire national du FFS dressera un tableau peu reluisant de la situation socioéconomique du pays, en général, et de la Kabylie, en particulier, en relevant : "À chaque grand scandale économique, à chaque déchaînement de violence, c'est le même constat : népotisme, clientélisme, corruption. Ce sont ces situations insoutenables qui empoisonnent la vie des citoyens, c'est cette déliquescence qui sape les fondements même du vivre ensemble et c'est elle qui entretient la colère et pousse au désespoir. Ici même, dans cette région, nous avons vu se mettre en place la plus grosse opération d'installation de la dictature de la médiocrité et de la brutalité qui a favorisé la croissance à une échelle inédite du népotisme, du clientélisme et de la corruption", dira-t-il encore. Pour l'orateur, "depuis le Printemps noir, le pouvoir a mené, par la violence, la manipulation et la corruption, une opération de démantèlement du politique, pilotée par le pouvoir et exécutée par des relais locaux qui ont exploité, l'émotion, la colère et les frustrations légitimes pour les orienter vers les impasses de la dépolitisation qui favorise toutes les manœuvres et facilite toutes les manipulations". Il s'agit, selon M. Nebbou, d'une opération visant "à empêcher l'auto-organisation des citoyens sur des bases politiques qui sont et demeurent les seules bases sur lesquelles on peut construire un système de gouvernement démocratique moderne et efficace". k. T.