C'est le statu quo au Sahara occidental. Les solutions tardent à se faire jour et l'impatience des populations sahraouies, qui ne voient rien arriver, risque de vite atteindre ses limites. Les signaux d'un revirement fâcheux prédisant le retour aux armes se font de plus en plus précis. Hier, des manœuvres militaires ont été effectuées dans la région d'Aghouinit, dans les territoires libérés du Sahara occidental, par l'Armée de libération populaire sahraouie (ALPS), en présence du Premier ministre, Abdelkader Taleb Omar, et du ministre de la Défense, Abdelah Lehbib. Ces manœuvres, bien qu'elles s'inscrivent dans le cadre du programme annuel du ministère de la Défense sahraoui, font suite aux «récents agissements de l'occupant marocain, de nature à saper les négociations entre les deux parties (le Maroc et le Front Polisario)», a indiqué le chef d'état-major de l'ALPS. Il faut dire que le contexte particulièrement délétère dans lequel interviennent ces manœuvres est de nature à renseigner sur ce plan de dernier recours que les dirigeants sahraouis s'apprêtent activement à actionner, en cas d'un nouvel échec de la communauté internationale à apporter une solution définitive. Le recours à la force militaire est donc une option non négligeable. Les manœuvres militaires d'hier sonnent déjà comme un avertissement de plus. Il est à inscrire dans une optique de changement de stratégie face à la paralysie internationale qui peine sérieusement à sortir des déclarations d'intention et de vœux pieux. Youcef Ahmed, membre du secrétariat général du Front Polisario, a indiqué que cette manifestation se veut un message de l'Armée de libération populaire sahraouie (ALPS), en tant qu'aile armée du Front Polisario, pour «la libération des territoires occupés du Sahara occidental. Cette libération est notre principal objectif», a-t-il affirmé. Ce climat de tension est accentué notamment par la dernière décision du royaume chérifien qui a procédé à l'expulsion de la composante civile de la Mission des Nations unies pour l'organisation d'un référendum au Sahara occidental (Minurso), déployée, rappelle-t-on, sur décision du Conseil de sécurité et ayant pour mission l'organisation d'un référendum libre et intégré, en faveur de l'autodétermination du peuple sahraoui. Jeu trouble de la France Cette décision a été, en effet, très mal perçue par la partie sahraouie. Cela, estiment les dirigeants sahraouis, risque d'attiser davantage le climat de tension déjà à son comble. Dans de telles conditions, l'escalade n'est donc pas à écarter. Ce risque est d'ailleurs sérieusement appréhendé par les acteurs internationaux largement acquis à l'option d'un référendum d'autodétermination. Exception faite d'un certain nombre de lobbies actionnés par des pays pour qui le maintien du statu quo dans cette région est fortement recommandé. L'ONU, elle-même, à travers son secrétaire général, Ban Ki-moon, s'en est vertement prise à ces lobbies qui bloquent tout processus de paix. C'est dans ce contexte que le ministre sahraoui des Affaires étrangères, Mohamed Salem Ould Salek, a lancé jeudi, depuis Bruxelles, un «appel pressant» au Conseil de sécurité de l'ONU pour rétablir la pleine autorité de la Mission des Nations unies pour l'organisation d'un référendum au Sahara occidental (Minurso). Il a exhorté, par la même, l'Union européenne à «assumer ses responsabilités» envers le peuple sahraoui. L'expulsion de la composante civile de la Minurso par le Maroc, a-t-il poursuivi, «ouvre la voie à l'escalade et menace très sérieusement le processus de décolonisation engagé par l'ONU au Sahara occidental». Le ministre sahraoui des Affaires étrangères a estimé que le Conseil de sécurité doit «arrêter une date et un calendrier précis» pour l'organisation d'un référendum d'autodétermination, un objectif pour lequel la mission onusienne (Minurso) a été créée. Pour Ould Salek, des parties étrangères bloquent néanmoins le processus entamé par l'ONU, refusant une solution durable dans cette région. «Le Conseil de sécurité est devenu une partie du problème. C'est de l'intérieur du Conseil de sécurité que la France bloque le processus», a-t-il dénoncé.