Vendredi était donné le coup d'envoi du Tour d'Algérie cycliste. Même avec un mouvement sportif national à un haut niveau de développement, il aurait été l'événement sportif majeur de l'année, comme c'est le cas dans d'autres pays où ce genre de rendez-vous déborde généreusement avec un bonheur chaque année grandissant de son cadre sportif. Paradoxalement, en Algérie, en dépit du fait que l'activité sportive n'est pas un exemple de rayonnement, le Tour se déroule sans attirer l'attention et passe sans marquer les esprits. Au lieu d'être adopté comme un moment à vivre dans l'enthousiasme par le plus grand nombre et apprécié avec passion par les connaisseurs, il est appréhendé comme une velléité de plus destinée à meubler un bilan et entretenir des carrières. Pourtant, tout le monde a besoin de l'événement et tout le monde aurait gagné dans sa réussite. Les sportifs pour ce qu'il leur aurait procuré comme compétition, les organisateurs comme promotion professionnelle, les spectateurs comme spectacle et découverte, les sponsors comme dividendes économiques et, de manière générale, le pays comme retombées en tous genres. Mais pour qu'il en soit ainsi, il aurait fallu qu'il soit un vrai… tour, tel qu'il est conçu dans son temps. Avec la performance des moyens matériels et humains que requiert sa réussite, avec le niveau d'attractivité sportive qui puisse attirer des participants de qualité et avec une mobilisation de l'intérêt périphérique qui rassure sur ses retombées. Parce qu'un tour cycliste, ça fait longtemps que c'est devenu une évidence, sert d'abord à entretenir ou à développer l'image du pays qui l'organise. Et s'agissant d'«image», il y a un partenaire majeur qui doit être à la hauteur de ses objectifs dans sa performance : la télévision. C'est la qualité de ses images, le niveau de son audimat et ses capacités à valoriser l'itinéraire qui font l'intérêt de l'événement dans et au-delà de l'événement sportif. Or, quel rayonnement aura eu le Tour d'Algérie quand on aura rangé les bicyclettes ? Pas grand-chose au point où en est le niveau général du rendez-vous. Ce n'est pas avec une organisation primaire, une couverture télévisuelle d'un autre âge, un partenariat économique rachitique et un niveau sportif de débutant, que le tour servira le prestige de l'Algérie, sportivement, économiquement et culturellement. Sinon, l'ami du quartier aura tout dit : «On me l'a tellement répété que j'ai fini par croire que l'Algérie était le plus beau pays du monde. Jusqu'à ce que je découvre le… Tour de France à la télévision» ! Slimane Laouari Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.