La mortalité sur les routes algériennes est l'une des plus élevées au monde. En moyenne, douze personnes par jour perdent la vie dans les accidents de la circulation. Quatre-vingt-cinq pour cent des accidents sont causés par le facteur humain. Devant ce constat, la Direction générale de la Sûreté nationale (DGSN) appelle à la révision de la formation prodiguée par les auto-écoles. «Plus de 50% des personnes impliquées dans les accidents ont un permis de conduire de moins de deux ans», a déploré hier le commissaire-divisionnaire chargé de la prévention routière à la DGSN, Naït El Hocine, invité du forum d'El Moudjahid. La formation donnée aux candidats est, selon lui, purement basique. «La formation est orientée beaucoup plus vers la réussite de l'examen que la maîtrise de la conduite», a estimé l'intervenant, ajoutant que «les candidats cherchent seulement un document pour rouler librement». Devant cette situation, il a mis l'accent sur l'urgence de revoir le système d'évaluation des candidats. «Nous devons adopter un nouveau système d'examination conforme aux normes internationales», a-t-il dit. L'intervenant a dressé, par ailleurs, un constat sur le nombre de morts, suite aux accidents de la route durant 2015. «Nous avons enregistré 4610 morts sur les 35 199 accidents au niveau national», a précisé Naït El Hocine qui a fait remarquer une baisse de 4,20% du nombre de victimes comparée à l'année dernière qui a atteint les 4812. «Il y a eu une légère baisse par rapport à l'année précédente, mais ça reste insuffisant», a-t-il indiqué, appelant à plus d'efforts et d'implication de la société civile et des institutions publiques pour sensibiliser les jeunes sur les dangers de la route. Parmi les propositions de son département pour réduire les risques d'accidents, Naït El Hocine a cité la révision du système législatif de la route et le retour du permis à points. «Ce dispositif est une option indispensable pour réduire le taux de mortalité sur les routes et il a porté ses fruits dans d'autres pays», a-t-il estimé. Le permis à points, qui consiste à mettre un certain nombre de points sur le papier rose que l'on peut ôter à chaque infraction, permettrait ainsi de servir d'avertissement. Ce système déjà adopté dans plusieurs pays, notamment en Europe, aurait fait ses preuves. Certes, de nombreux permis sont encore régulièrement annulés, mais la prise de conscience semble être atteinte, puisque le nombre d'accidents de la route dans ces pays a pu ainsi être réduit. Malheureusement en Algérie, ce système tarde à venir, car «nous n'avons pas un fichier national des permis de conduire», a expliqué le même responsable. «Le permis à points ne peut être appliqué sans l'avènement du permis biométrique», a-t-il ajouté. Naït El Hocine est longuement revenu sur les missions de la délégation nationale de prévention routière qui a vu le jour récemment. Cette institution est chargée de fédérer toutes les actions dévolues, jusqu'alors, à diverses administrations et à laquelle ont été confiées, pour cela «de larges compétences» en matière de législation, de communication, de surveillance et de contrôle, mais aussi de gestion des fichiers nationaux des permis de conduire et des cartes d'immatriculation des véhicules et de suivi des infractions au code de la route. L'intervenant signale que cette délégation va également coordonner les actions entreprises à ce jour par divers intervenants, en matière de sécurité routière, à l'exemple des ministères des Transports et de l'Intérieur, mais aussi de la DGSN, la Gendarmerie et la Protection civile.