C'est devant un aréopage de personnalités du monde littéraire que la cérémonie de baptême de la bibliothèque du nom de l'écrivain Max Aub a eu lieu hier à l'Institut Cervantès. Une belle pancarte éponyme a été placée à l'entrée de la bibliothèque. Au cours de cette manifestation, Son Excellence Gabriel Busquets ambassadeur d'Espagne à Alger a mis l'accent sur les relations bilatérales de coopération qui «traduisent une réalité et un contexte politique et économique commun». Dans cet esprit, la représentante de la ministre de la Culture, Mme Fatiha Akeb a souligné «le rôle cardinal de la culture dans l'acceptation et le rapprochement de l'autre» attestant par-là même que «la civilisation est universelle». Durant cette inauguration, la directrice des instituts Cervantès de par le monde, Mme Carmen Caffarel a tenu à rappeler le parcours hors du commun de ces deux monuments de la littérature espagnole. «On a l'habitude de baptiser les bibliothèques des noms d'auteurs ayant une relation avec une ville ou un pays ; on se remémore Cervantès et Max Aub, deux écrivains de renom, qui sont venus dans des conditions difficiles, respectivement comme prisonnier sous l'empire ottoman et l'autre sous le gouvernement français. Cervantès a écrit sa vie quotidienne à Alger durant ces trois années de captivité et Max Aub a dévoilé ses tristes impressions durant son séjour carcéral à Djelfa» a-t-elle dit. Un auteur prolifique Pour le vice-recteur de l'université d'Alger, Abderrahmane Berreghda, «cet auteur qui a vécu à Djelfa s'est exilé au Mexique jusqu'à sa mort. Ses écrits pathétiques témoignent de son dur quotidien dans le centre de séjour surveillé». Hélen Aub, sa fille émue était satisfaite de cet évènement et de cette chaleureuse reconnaissance pour son père. A cette occasion, un livret initié par l'institut en collaboration avec Rafa communication a été distribué par les responsables de l'institut Cervantès. Parallèlement, une exposition d'ouvrages de cet auteur prolifique a été présentée au public dont entres autres «Anthologie», «Les temps mexicains» , «La fable verte» , «Camp ouvert», «Camp de sang» et «Mes meilleures pages». En marge de cette cérémonie, une exposition de photographies retraçant la vie, le parcours et son internement dans ce centre, ainsi que des documents de la guardia civile. Selon les propos du commissaire de cette exposition, Manuel Garcia «ce sont des photos d'archives et de la collection personnelle de l'auteur». Des poèmes sur son séjour à Djelfa Il est à indiquer que Max Aub de père allemand et de mère française, natif de Paris était l'attaché culturel de l'ambassade d'Espagne à Paris. Etant d'obédience socialiste, il a été suspecté suite à une lettre anonyme de délation le considérant comme un communiste révolutionnaire. Emprisonné par le gouvernement de Vichy, à Marseille, puis à Nice, il est envoyé en 1941 dans ce centre à Djelfa. Il participa à la construction du chemin de fer de cette ville. Durant son séjour forcé pendant l'hiver 1941 et le printemps 1942, Max Aub a écrit un recueil de poésie dédié à ce centre de séjour surveillé. Cet écrivain s'est caractérisé dans diverses formes d'écriture, poésie, roman et pièces de théâtre. Après cet emprisonnement, il s'est exilé au Mexique où il est enterré. La mémoire collective espagnole et universelle gardera à jamais gravés les noms de sommités de la littérature comme un fonds commun à l'humanité entière.