La tournée de Chakib Khelil à travers les zaouias commence à susciter des mécontentements et de plus en plus d'imams, de représentants de la société civile et de simples citoyens refusent le déplacement de l'ancien ministre de l'Energie dans leurs wilayas. A Tizi Ouzou, il aura suffi qu'une simple rumeur sur une probable visite de Chakib Khelil dans la zaouia Jeddi Bahloul dans le village Cheurfa n'Bahloul, commune d'Azazga, pour que tout le village soit en état d'alerte. Vendredi, les citoyens se sont vite rassemblés pour exprimer leur refus à une probable visite de l'ancien ministre dont le nom est lié aux scandales de corruption ayant ébranlé Sonatrach. Selon des sources locales, «le climat est toujours tendu» dans cette région de Kabylie. La coordination des comités de villages s'est même réunie pour avertir des «conséquences» d'un tel déplacement. «Il n'est pas question qu'il soit accueilli chez nous», répètent les villageois. De quoi chambouler la tournée de l'ancien ministre, déjà entachée par des incidents à Chlef et à Annaba, en plus du refus qu'on lui a signifié à Mila. Après des virées plutôt calmes à Djelfa, Mascara, Tissemsilt et Médéa, une visite dans la wilaya de Chlef sera perturbée par des citoyens menés par l'ancien candidat à la candidature pour la présidentielle d'avril 2014, Rachid Nekkaz. Mais, malgré la résistance, Khelil parvient à visiter la zaouia d'Aïn Merane. Comme il le fera d'ailleurs quelques jours après à Annaba, même si un ancien membre de Barakat ira jusqu'à humilier «l'hôte» de la ville qu'il invitera «à régler ses problèmes avec la justice algérienne avant de se rendre dans une mosquée». C'est à partir de là que se succéderont les «résistances» qui s'exprimeront clairement à Tizi Ouzou et à Mila. Dans cette dernière ville, l'imam de la zaouia El Hamlaouia a expliqué, jeudi, dans des propos repris par un confrère, que l'ancien ministre n'était pas le bienvenu, que «la zaouia a une vocation religieuse et ne se mêle jamais de politique». Imperturbable Cette prise de conscience au sein de la société ne se veut donc pas uniquement un message à la personne de l'ancien ministre dont le nom est associé aux scandales de corruption. Mais aussi à la justice algérienne qui, après avoir lancé un mandat d'arrêt international à son encontre, montre un désintérêt total après son retour au pays. Un «mépris» on ne peut plus clair pour le peuple et que des acteurs de la société civile et citoyens lambda ne veulent pas accepter. Quoi qu'il en soit, la tournée de l'ancien ministre, sous l'égide de l'Organisation nationale des zaouias, tourne au cauchemar et ce qui semble être un «front du refus» devra certainement s'élargir dans les prochains jours. D'ores et déjà, des députés se mobilisent pour rejeter sa visite dans la wilaya de Constantine. Mais l'homme à qui l'on attribue un important rôle à jouer dans un avenir proche semble imperturbable devant cet affront. Lui qui compte visiter les 48 wilayas du pays. Pour s'attirer la sympathie des citoyens, Chakib Khelil a posté, samedi sur sa page facebook, un enregistrement vidéo dans lequel il s'adresse à «ses fans». «Mes amis sur facebook, je voudrais vous remercier infiniment pour avoir soutenu cette page. Je voudrais aussi que nous travaillions ensemble pour que notre pays puisse continuer à progresser dans la paix et la sécurité, dans le cadre d'un développement économique continu et durable et en solidarité avec tous les citoyens qui sont dans le besoin», a déclaré l'ancien ministre dans un bref message. Une tentative qui pourtant ne dupera pas beaucoup de monde, vu les commentaires critiques que cette vidéo a suscités en un laps de temps. A signaler enfin que Khelil était hier «l'hôte» de la zaouia de Sidi Reguani dans la wilaya d'Adrar.