La commémoration de l'anniversaire de l'assassinat de Kamel Irchene, vendredi passé, dans son village natal, Aït Aissi, dans la commune de Yakouren, à une soixantaine de kilomètres à l'est de la capitale du Djurdjura, a attiré la grande foule. Ainsi, après l'hommage qui lui a été rendu le 20 avril passé au niveau de la bibliothèque communale et qui a été marqué par la présentation d'une pièce théâtrale, c'est au tour de son village natal de lui rendre hommage. Cette pièce avait pour trame principale le moment où la jeune victime, avant de rendre l'âme, a rassemblé ses dernières forces pour écrire avec son propre sang le mot «Liberté» sur un mur de la ville d'Azazga. Depuis son assassinat le 27 avril 2001, sa famille et tout son village n'ont jamais raté la célébration de cette date. Grands et petits, femmes et hommes, tous vêtus de tenues traditionnelles, se sont rassemblés au lieudit Lhara Ufella pour une petite marche vers le cimetière du village. Des moments forts en émotion ont marqué cette marche où les villageois, enfants compris, ont fait, encore une fois, preuve de solidarité. Après la lecture de la Fatiha par l'imam du village à la mémoire de l'âme du jeune militant de la démocratie, les villageois ont assisté à une représentation de la chorale du village et à la diffusion du film sur Kamel Irchene, un portrait du défunt réalisé en 2003. Abdelghani Irchene, le jeune frère du militant de la cause amazighe et de la démocratie qui lutte lui aussi pour la sauvegarde de la mémoire du patrimoine, évoquera avec beaucoup de fierté son frère et son courage, mais aussi la solidarité sans pareille de son village. Il dira que son frère, qui n'avait que 27 ans à l'époque, était un jeune militant pacifique de la cause berbère et de l'amazighité. «C'était la première fois qu'il se rendait à Azazga, avec des amis, pour voir ce qui s'y passait. Et c'est leur curiosité qui les a amenés à se retrouver au milieu des émeutes. Ils n'étaient pas partis pour se battre contre les éléments de la gendarmerie. A la vue des personnes qui ont été touchées sous leurs yeux, ses amis ont pris la fuite, alors que lui est allé porter aide à un jeune blessé par balle pour le mettre à l'abri. C'est à ce moment qu'il a été touché lui-même par une balle. Il a succombé à ses blessures peu après», dira-t-il avant d'ajouter : «Il n'a pas écrit le mot Liberté au hasard, en faisant cela, c'est le 20 avril qu'il a voulu symboliser». La célébration de l'anniversaire de son assassinat, cette année, a vu la participation de grands chanteurs, à l'image de Zedek Mouloud, qui ont choisi de lui rendre hommage à travers la chanson. Une fierté pour les villageois, dira le frère d'Irchène, avant de poursuivre : «L'organisation de notre village et la solidarité des citoyens est ce qui nous permet de réussir, de garantir la sauvegarde de notre histoire et de lutter contre l'oubli. Beaucoup de jeunes d'autres localités sont décédés lors de ces événements, mais rares sont ceux qui font comme nous. C'est dommage car c'est important pour ne pas les oublier».